Il en fallait de l’audace pour réaliser un film, un vrai, et non un documentaire, sur les mystérieux fonds marins. Un pari risqué et réussi par les deux Jacques (Perrin et Cluzaud).
Une côte bretonne venteuse, des pieds de gamins qui s’enfoncent dans le sable granuleux et des rires qui s’évanouissent dans le récif des vagues. Et la question innocente d’une tête blonde devant les majestueuses vagues qui s’écrasent contre les rochers impassibles : « L’océan ? C’est quoi l’Océan ? »
Poussés dans les profondeurs de ce mystère bleu, nous rencontrons les êtres peuplant les abîmes de nos océans. De l’Atlantique au Pacifique en passant par l’Océan Indien, nous voyageons sans relâche dans ces lointaines contrées encore protégées de l’Homme. Nous découvrons les animaux marins les plus connus des poissons clowns aux tortues de mer ainsi que les gros mammifères comme l’imposante baleine, le gracile dauphin ou le terrifiant requin.
Et puis, très loin de nos imaginaires collectifs, l’océan regorge d’êtres vivants intrigants, aux physiques ingrats ou surprenants. Des poissons aux allures d’extra-terrestre fascinent tandis que le colloque des araignées de mer rebute.
Avec stupeur et amusement, nous allons à la rencontre d’animaux marins aux comportements étrangement humains. Nous suivons les hordes de dauphins parcourant librement ce territoire bleuté. Nous nous amusons de ses bancs de poissons qui prennent soin des requins, de ces alliances improbables qui forcent la magie de cet espace.
Nous apprécions aussi la beauté de certains êtres, des poissons aux longues traînes qui rappellent les traînes de soie des mariées.
L’océan, c’est aussi l’horreur de la chasse. Le prédateur le plus glauque/primitif est sans conteste l’homme. Dans cette course effrénée aux mammifères marins, les scènes s’avèrent presque insupportables à regarder. Le bleu de l’océan si pur se transforme en bain de sang tandis que les animaux, souffle court et gueule ouverte, encaissent les lames humaines dans la souffrance et l’indifférence.
Aucun animal ne peut échapper à l’enfer humain. Jetant leurs filets à la mer, les bateaux de pêche emprisonnent quiconque sans distinction. Et c’est dans l’angoisse que nous regardons ses poissons et mammifères prient au piège, se heurtant aux mailles du filet et mourir.
En parallèle de l’horreur des pêcheurs, survient l’effroyable réalité de notre société de consommation. L’image effarante de cette otarie nageant au milieu des déchets, reniflant un caddie est juste abominable. D’un seul coup, la réalité saisit le spectateur et questionne « Comment cesser cette réalité épouvantable ? », « Combien de temps allons-nous continuer a saccager nos trésors ? ».
Océan parvient à captiver sans mots, juste par la force des images et d’une musique finement choisit. Uniquement par des scènes animales, nous passons par une multitude de sentiments du rire aux larmes, de la tendresse à l’angoisse.
Océan n’est pas un film à la fibre écolo moralisatrice. Jacques Perrin et Jacques Cluzaud se contentent de nous montrer la réalité. Sans fioritures. La nature marine dans toute sa splendeur et toute sa brutalité : des scènes de combats pour la survie animale aux relations mère-enfant.
Océan n’est pas un film qui laisse indifférent. Que l’on apprécie ou non le silence extraordinaire des fonds marins ou que l’on s’ennuie devant ces images de la nature, il nous reste que, à la sortie de la salle de cinéma, un sentiment de révolte et l’envie de prendre davantage soin de notre planète.
2 Comments
Sofi
6 avril 2010 at 21:24J’ai adoré ce film, il est vraiment beau et terrifiant quand on voit les pêcheurs couper les nageoires des requins… J’ai eut du mal à supporter ça !
LadyNightstalker
22 février 2010 at 18:28Parfaite description de ce que j’ai ressenti durant et après ce film…