« La famille des autres, c’est presque toujours amusant. Le problème, c’est la nôtre ». Judith Messier
Le petit dej’
Chez les autres: Déjà, si vous avez l’occasion de petit-déjeuner dans la famille de quelqu’un d’autre, avec tout ce que ça comporte d’intimité et de partage, renseignez-vous sur les modalités d’adoption. Je ne vous incite pas à quitter votre famille au profit d’une table où se trouvent toutes sortes de céréales, où les bols sont pensés pour que vous n’en renversiez pas leur contenu, où le partage de l’eau de chaude n’est pas problématique et où il n’y a pas de beurre sur le couteau à confiture puisqu’il y a une cuillère dédiée à ladite confiture, mais avouez que, quitte à se lever pour une nouvelle journée, autant bien la commencer.
A la maison: On vous prie de bien vouloir vous laver le soir pour ne pas encombrer l’espace douche le matin, le lait pour mettre dans le café est une culture rare dans votre foyer, et quand c’est la saison, il pousse dans le placard de la cave où il fait -12°.
Les tâches ménagères
Chez les autres: Les poubelles jaunes, les vertes, l’aspirateur, les lessives, les repas… Tout est affiché sur le frigo, à côté des cartons de rendez-vous chez le dentiste.
A la maison: La théorie selon laquelle dans tout groupe se trouve un individu qui compte ses doigts pour vérifier qu’ils sont tous là se vérifie chaque jour.
La télévision
Chez les autres: A table, on ne lève les yeux que pour Les Guignols, et éventuellement, on monte le son pour le cérémonial de Yann Barthès si une adolescente est présente. Après, nul besoin d’ouvrir le programme télé, car si le consensus n’est opéré, il y a toujours une collection de DVD.
A la maison: Un trafic souterrain de télécommandes universelles fait rage. D’après les méthodes classiques, recensées par les meilleurs profilers dans un ouvrage collectif, checkez régulièrement vos ficus, les interstices entre les sommiers et les matelas ainsi que le rangement des plats à gratins si votre cuisine est ouverte sur l’espace à vivre.
Les vacances
Chez les autres: Besoin de cocotiers et de sable fin pour être heureux ? Que nenni ! Même le trajet en voiture est une réjouissance. Devant, il ne s’énerve pas parce qu’il faut s’arrêter toutes les 45 minutes pour une pause urinaire et elle a la voix plus douce que le GPS. Derrière, la température est bonne et les numéros de départements s’expriment en poèmes. Même avec un CDI, un amoureux, des factures et tout l’attirail de la grande fille, partir en vacances en famille, c’est le pied.
A la maison: A huit ans, vous rêviez de colonies de vacances, à 14 de rester à la maison pour nourrir les poissons rouges, maintenant, vous posez vos vacances officiellement en novembre pour un week-end rapide à la campagne, l’occasion de changer les fleurs sur la tombe d’un vieil oncle et disparaissez de la circulation les deux premières semaines d’août.
Les disputes
Chez les autres: Elles se font autour de l’ordinateur, sur le site Vie De Merde, pour savoir si « c’est bien mérité » ou s’il faut valider.
A la maison: Les disputes, c’est l’occasion de profiter d’un concerto de claquements de portes en ré mineur suivi de l’écriture des paroles avec des mots qu’on ne trouve pas dans le dictionnaire.
Les courses
Chez les autres: Si elles ne sont pas livrées, deux personnes s’en chargent et les autres accourent au son du klaxon ou du coup de téléphone pour venir décharger et porter les victuailles. Et l’appoint est fait au fil des besoins.
A la maison: A la guerre, comme à la guerre. Les aliments de base et quotidiens sont rangés dans des placards communs mais les paquets de cookies et les tablettes de Crunch, eux, cohabitent avec les télécommandes universelles.
Les réunions de famille
Chez les autres: Que ce soit pour un motif religieux (baptême, bar mitzvah…), un évènement (mariage, anniversaire), ou le simple fait de se retrouver en famille autour pour le plaisir, il y a toujours celui qui a trop bu, le plat traditionnel accompagné de quelques nouveautés pas trop sophistiquées, le beau-frère qui propose des stages, un nouveau né… Et l’harmonie reste intacte.
A la maison: On peut durcir le trait en disant que les réunions de famille ne se font plus que pour les décès mais il y a toujours Noël, évidemment, pour égayer un peu tout ça. D’ailleurs, c’est tellement drôle. Toujours considérée comme une enfant, vous vous retrouvez toujours du côté des mineurs, le poulet-carottes a muté en poulet-petitspois-carottes à la gloire des boites de conserves, une histoire d’héritage ou de connivence refait souvent surface, vous avez comme cadeau un nouveau coffret de parfum + crème et la tante qui ramenait toujours une tarte de citron a décidé d’innover depuis qu’elle a vu la verrine de saumon à l’ananas dans Un dîner presque parfait.
L’herbe est-elle donc toujours plus verte dans le pré du voisin ? Toujours. Mais il faut bien l’avouer, les travers familiaux sont quand même amusants à raconter.
2 Comments
DemoiselleAuxMyosotis
12 février 2010 at 10:06« les travers familiaux sont quand même amusants à raconter » Je confirme :D Pour être née dans une famille de cas sociaux (à tous les niveaux, des tantes aux cousins en passant par les arrière grand-mères !), on a souvent hésité avec ma mère et mes sœurs à écrire une saga familiale, parce que franchement, il y a presque de quoi faire un tome par personne, c’est énorme ! Mais au moins avec le recul ça nous fait marrer :p
souf
11 février 2010 at 11:42c’est marrant ça ! on serait pas de la meme famille par hasard ????