En direct, d’Angoulême, de nouvelles expos, interviews et dédicaces exclusives pour Save My Brain. Au programme du jour, le Louvre à l’honneur en BD et une rencontre avec Coyote pour les voisins du 109 ou encore un nouveau magazine BD dont le premier numéro est un spécial filles.
A mesure que les heures s’écoulent, le festival voit ses allées se noircir de monde. Notamment dans le chapiteau « Le Monde des Bulles », dédié aux gros éditeurs. C’était prévisible, et il faut jouer des coudes pour arriver sur les stands où nous attendent les auteurs. Nous avons aujourd’hui aperçu un visiteur de marque, en la personne de Jack Lang.
Voilà pour l’anecdote. Passons maintenant à une expo, un peu à l’écart de endroits les plus fréquentés du festival, puisqu’elle se situe au musée d’Angoulême, bien caché derrière la cathédrale. De quoi nous faire découvrir un bâtiment de très belle architecture.
Qu’y a-t-il à voir là-dedans ? L’expo parle du Louvre. Le célèbre musée a en effet lancé récemment une collection de quatre albums, tournant autour du thème du musée. Des scénarios souvent assez délirants, répondant aux univers bien différents des auteurs qui ont répondu présents.
On peut donc découvrir dans la salle du musée des planches originales de Irohiko Araki, Eric Lieberge, Nicolas de Crécy ou encore Marc-Antoine Mathieu.
Qui dit festival d’Angoulême dit sélection officielle. C’est bien entendu ces fameux « fauves », qui seront décernés dimanche après-midi qui font le palmarès du festival. Parmi les prix, il existe le prix du public. Celui-ci est invité à se rendre dans un chapiteau place St Martial, où il est possible des lire tous les albums en compétition.
Une borne internet permet à chacun de voter en ligne sur place. Cinq albums seront présélectionnés par ces votes, avant d’élire un vainqueur parmi eux, le jury étant tiré au sort parmi le public qui a voté. Avouons-le, notre chouchou cette année, c’est Magasin Général, de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp. Une histoire d’amitié en plein Québec. Avec tout de même une grosse hésitation avec le dernier Jérôme K Jérôme Bloche, une aventure du sympathique détective qu’on prend toujours autant de plaisir à lire.
Vous l’avez vu avec Julien Neel hier, Save My Brain s’est aussi déplacé à Angoulême pour y rencontré des auteurs. Nous avions donc rendez-vous aujourd’hui chez le Lombard pour plusieurs rencontres. Tout d’abord, pour parler de Kramix, un magazine humoristique dont le premier numéro est encore tout frais. Nous avons d’abord discuté avec son rédacteur en chef, Jean-Luc Cornette…
Save My Brain : Comment est né ce nouveau mag ?
Jean-Luc Cornette : Tout a commencé il y a deux ans, avec le Strip, un magazine qu’on a décidé de lancer avec Coyote. On avait un format journal et on en a fait huit numéros. Puis avec Pôl Scorteccia, le directeur éditorial du Lombard, on a voulu ouvrir le magazine à de nouveaux auteurs, pas seulement à nos auteurs maison. Puis on a changé le format, la pagination et on s’est dit que comme tout était nouveau, il fallait aussi changer le nom.
SMB : Comment est venue l’idée de faire réaliser le premier numéro uniquement par des filles ?
JLC : L’idée vient de Pôl. La BD est traditionnellement un milieu très masculin. Ca ne fait qu’une dizaine d’année que ça s’ouvre aux filles, en particulier avec l’apparition des mangas. Puis il y a eu de plus en plus d’auteurs filles et les blogs ont fini de démocratiser cela. Au Lombard, on a une tradition assez classique, donc orienté plutôt masculin, mais on veut aussi ouvrir nos portes. C’est pour ça que le numéro 1 du Kramix est un spécial filles. Et l’arrivée de nouveaux auteurs nous crée un vivier de talents.
SMB : A propos de vivier, ces nouveaux auteurs, ont-il une chance de voir un album comportant juste leur nom, paru chez Le Lombard ?
JLC : En ces temps de crise, cela comporte un certain risque de lancer un nouvel album. On étudie donc la chose au cas par cas. Mais Lucile Gomez, qui a signé les 4 pages avec Bretzelle et Baba, va bientôt avoir son album à elle.
SMB : Allez-vous garder une proportion importante de filles dans les prochains numéros de Kramix ?
JLC : On n’a pas de quota ! On cherche avant tout des auteurs. Et on a des filles, mais ce qui compte avant tout, c’est que ce sont de bons auteurs. On ne fait donc pas de discrimination. D’ailleurs, les thématiques sont de moins en moins féministes, elles deviennent féminines. Maintenant que c’est normal qu’il y ait des filles auteurs, elles n’ont plus à revendiquer leur place, puisqu’elles sont reconnues.
Puis nous avons rencontré quatre des filles qui ont participé à ce numéro 1 du Kramix. Et Vanyda vous a dédicacé un petit clin d’œil…
SMB : Déjà, je vais vous demander de toutes vous présenter…
Lilla : Je m’appelle Lilla, je suis jeune dessinatrice. Pour le numéro 1 de Kramix, j’ai fait le Contrat Social.
Vanyda : Pareil, je suis jeune dessinatrice !
Lucile Gomez : Je suis jeune dessinatrice, et je fais de la BD (entre autres). Pour le Kramix, j’ai fait Bretzelle et Baba.
Virginie Vidal : Je suis aussi jeune dessinatrice et j’ai dessiné les amis de la mer pour le Kramix.
SMB : Comment avez-vous réagi quand on est venues vous chercher pour faire un spécial filles ?
Lucile Gomez : J’avais envie de donner des coups de boule ! Je me suis dit « Encore ! ». Parce que pour le moment, tout ce que j’ai fait, c’était pour des projets du genre.
Vanyda : Pareil, je me suis dit « Encore ! ».
Lilla : Comme c’était la première fois, j’étais plutôt contente, au contraire, qu’on m’appelle parce que j’étais une fille.
Virgine Vidal : Moi aussi, c’était « Encore ! ». J’avais peur qu’on nous ghettoïse.
Vanyda : Mais on a participé quand même !
Lucile Gomez : ça m’a donné l’impression d’être dans les quotas.
Lilla : Moi, je trouvais important qu’on nous demande d’exprimer notre féminité, d’exprimer quelque chose qu’on n’attend pas forcément de nous. Histoire de juste parler sans avoir à se justifier.
Lucile Gomez : Oui, mais ils ne sont pas venues chercher des filles avec un dessin presque masculin, comme de celles qui font de l’Heroïc Fantasy. D’ailleurs, c’est pour ça que j’ai choisi le thème du salon de thé, pour avoir un sujet vraiment girly.
SMB : Y a-t-il une rivalité fille/mec dans les couloirs du Lombard ?
Lilla : On ne les connaît pas les couloirs du Lombard !
Lucile Gomez : Mais par contre, je suis là depuis hier. Et il n’y a pas de rivalité fille/mec. Par contre, des rivalités mec/mec…
SMB : Y a-t-il une différence de point de vue entre une fille et un mec sur un sujet donné ?
Virginie Vidal : Tout dépend du sujet. Si on parle de crème épilatoire, sûrement que oui !
Lilla : Mais si on parle de Jean Sarkozy, non.
Lucile Gomez : Si on nous demande si on est clitoridienne ou vaginale, oui !
Virginie Vidal : Encore que… En fait, ça ne dépend pas tant du sexe que de l’expérience de chacun.
SMB : Que pensez-vous de la proportion de filles dans la BD en général ?
Lucille Gomez : C’est en train de changer. Il y a de plus en plus de nanas.
Vanyda : oui, c’est devenu normal, maintenant.
Deuxième rencontre du jour avec Coyote, l’auteur des Voisins du 109, qui a auparavant créé Litteul Kevin.
Comment est née l’idée de cette série, les voisins du 109 ?
C’était avant tout une envie de bosser à plusieurs. Notamment avec Lidwine, qui travaillait alors à la Quête de l’Oiseau du temps. Je voulais un peu le sortir de cet univers. J’étais dans une période où j’avais envie de synergie, d’utiliser la forece des autres.
C’est un thème bien différent de celui de Litteul Kevin. Une envie de varier les plaisirs ?
Dans le fond, le thème n’est pas si différent. C’est toujours une histoire de gentillesse et des gens qui s’aiment. Le thème est de ne pas juger juste à l’apparence. Don’t juge the Book by the Cover, c’est un rock des années 1960. De Chuck Berry, je crois. J’ai voulu mixer tous ces personnages, dans une sorte de « United Colors of Benetton ».La suite de l’actu de festival demain, toujours en direct d’Angoulême !
Comment as-tu composé cette galerie de personnages ?
Elle s’est composée d’elle-même. Il y a à la fois du HLM de Renaud et de La Vie, Mode d’Emploi de Georges Perec. C’est une idée que j’ai eue il y a longtemps. Du coup les métalleux que j’avais imaginé à la base sont devenu des gothiques. Puis j’ai inventé leur passé, qu’on retrouve dans Les Dessous des Voisins. Inventer un personnage, ce n’est pas que leur trouver une gueule. Ils ont aussi un passé, une vie. Comme par exemple le rencontre de Marcel et Irina, pendant la guerre du Kosovo.
Parmi eux, y en a-t-il de qui tu te sens plus proche ?
Non, ce sont tous mes bébés. Ils ont tous une part de moi. Pour Little Kevin, on me disait : « Mais le père de Kevin, c’est toi ! – Ben non, il est blond et il a un gros nez ! ». Il y a un peu de moi dans chaque personnage, dans la petite vieille, dans les chiens, dans le hérisson… C’est ce côté divin de Créateur qui est assez génial.
Ces scénarios, c’est du vécu ?
Oui ! Je me sers de ce que j’ai vécu. Par exemple, pour le couple de lesbiennes, j’ai une cousine qui aime les femmes et je me sers de ce qu’elle me raconte pour que mes personnages sonnent juste. Pareil pour les gothiques, j’ai des amis gothiques qui m’ont inspiré.
Cela a-t-il été difficile de trouver le bon style de dessin, capable de réunir les univers bien différents de tous ces voisins ?
Un style, ça vient naturellement. Tout gamin, on copie les grands maîtres. Pour moi, ça a été Gotlib et consorts. Donc mon style est venu tout seul.
Oui, mais on vraiment l’impression de changer d’univers quand on passe dans chaque appart. Par exemple chez les gothiques, on est happé par cette ambiance…
…et chez la petite vieille, ça sent la pisse ! Pour être juste, j’ai aussi dessiné les plans des apparts, comme quand je crée une moto pour Litteul Kevin. Là, la base est des murs pour tout le monde mais il n’ya pas deux apparts pareil. Déjà parce que l’escalier et décalé dans l’immeuble et qu’il y a un grand et un petit appart sur chaque palier. Et la déco fait le reste.
Qu’est-ce qui a changé dans les HLM depuis la chanson de Renaud ?
Je ne sais pas… Mais mon immeuble est plus positif que celui de Renaud. Les portraits de Renaud, à part pour lui et sa copine Germaine sont des personnages assez tristes, notamment le gardien et « sa petite vie de peigne-cul ». Le mien, Marcel, c’est un Jedi. C’est pas un gros con de facho avec son berger allemand comme on peu le croire à première vue. Mon immeuble est plus utopiste, plus positif. Avec de la sensibilité.
Comment vois-tu l’avenir pour les voisins du 109 ?
Déjà, ce ne sera pas une série, mais un triptyque. L’idée, c’est un week-end chez les gens, avec un album qui s’appelle vendredi, l’autre samedi et le dernier dimanche. Puis j’aimerais bien faire un triple triptyque, avec trois Dessous des Voisins et trois auteurs différents pour faire vivre les personnages dans un autre album. Les voisins, c’est le plus long week-end de ma vie !
La suite de l’actu du festival demain, toujours en direct d’Angoulême !
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