« Pourquoi j’ai tué Pierre » ou le drame poétique en bande-dessinée.
1) Olivier Ka et Alfred, une collaboration inséparable :
Olivier Karali, alias Olivier Ka, est né le 29 décembre 1967 à Beyrouth, au Liban, et arrive à Paris en 1970. Fils de Paul Karali, dessinateur de bande-dessinée, et Anne Duguël, la très célèbre conteuse pour enfants Gudule, il voulait, étant petit, être le premier astronaute à péter sur Mars ! Mais la vie d’adulte lui offrit plusieurs travaux, autour de la radio à 16 ans, la régie son d’un théâtre à 17 ans, la photo à 18 ans et la livraison de crêpes bretonnes sur les plages à 20 ans.
C’est en 1990 qu’il entra dans l’écriture comme rédacteur et autres lettres ou magazines crées, pour finir chroniqueur de BD pour « L’Humanité » en 1999 et surtout écrivain (déluré) pour enfants (même s’il a aussi rédigé deux romans pour adultes), comme « Y a pas plus trouillard qu’un vampire » ou « Bioutifoul Weurld » et scénariste de BD (L’ange ordinaire), avec Alfred, son ami de toujours.
Lionel Papagalli, de son surnom Alfred, vit le jour à Grenoble, le 19 mai 1976, dans une famille de comédiens de théâtre. Passionné par la lecture, le cinéma et la musique, titulaire d’un baccalauréat littéraire et voulant être dessinateur, il poursuit son rêve, en mettant en œuvre des magazines ainsi que des albums de bande-dessinée qu’il publie lui-même. Il avoue être attiré par le talent littéraire de Jacques Tardi ou Nicolas de Cécy, créant des univers en marge des paysages sur les planches de BDs actuelles, mais aussi par les chefs-d’œuvre cinématographiques de Terry Gillam et Jacques Tati. Il remporte une récompense en 2007 pour ses illustrations et il collabore toujours avec son meilleur compère, Olivier Ka, aussi bien sur le plan théâtral que sur le plan de la lecture (la collection de Monsieur Rouge, etc…).
2) Une œuvre importante et profondément bouleversante dans leur carrière :
L’histoire marquante de la relation traumatisante entre un petit enfant rêveur et un curé particulier de la campagne : voilà comment on peut résumer la nouvelle œuvre d’Olivier Ka.
Auteur décalé pour enfants, cette fois, il offre toute l’émotion d’une histoire vraie : une émotion dure et choquante. Car dans cette nouvelle en dessins, il émane une critique sévère sur les églises et plus particulièrement sur le caractère de la pédophilie.
Olivier Ka délivre une expérience bouleversante : celle avec une personne religieuse pédophile, qui l’a traumatisé à vie.
L’écriture de l’œuvre est d’une profondeur éblouissante, qui sert efficacement à toucher le lecteur, qualité qu’on peut retrouver dans le sublime et poignant « Je mourrai pas gibier » de Guillaume Guéraud (voir chronique de Laurence Sandeau).
La fin de l’histoire est, elle aussi, toute aussi emplie d’émotions que magnifique, car l’auteur décrit la libération de ce choc par l’écriture. On ressort ému et complètement marqué par ce poème dramatique.
Alfred, l’illustrateur, complète amplement la bande-dessinée, de par ses merveilleux dessins qui arrivent à retranscrire des émotions fortes, avec une mise en page très originale. Les sentiments douloureux du personnage principal possèdent même plus de sincérité sous le coup de maître artistique du compère d’Olivier Ka.
Douce et puissante poésie dramatique, « Pourquoi j’ai tué Pierre » s’impose comme une révolution littéraire, au même titre que l’œuvre sublime de Guéraud adaptée en BD, au sein de l’univers des bandes-dessinées, empruntant les chemins du tragique au bouleversement et à l’horreur, étant elle-même un genre totalement dans la littérature française.
1 Comment
Laure
25 octobre 2009 at 10:51magnifique témoignage d’un vécu par l’auteur Olivier Ka, dont Alfred, son ami et illustrateur, a très bien su retranscrire l’histoire au travers de ses dessins. Les mots comme les dessins sont forts : une bd à lire inévitablement.