Dans son nouveau roman, Patrick Poivre D’Arvor nous livre une histoire d’amour aussi passionnée que romanesque.
L’histoire débute simplement presque comme un bon vieux film hollywoodien : une enfance douloureuse, un père exigeant, des blessures puis le départ, la délivrance.
Violette n’a que 19 ans lorsqu’elle quitte la France pour la ville où tout est possible : New-York. Cette jeune femme magnifiquement belle, au regard magnétique traîne sa beauté et ses blessures dans les cafés new-yorkais, un roman français toujours à la main. Jusqu’à ce jour où un homme l’aborde. Elle comprend alors qu’elle peut tirer bénéfice de son charme naturel.
De retour en France, des années plus tard, elle rencontre Alexis, au hasard d’une rencontre lors de la finale de Roland-Garros. Ce quinquagénaire romantique est subjugué par cette jeune femme trentenaire au regard insaisissable. S’ensuit la relation la plus intense de leur vie, jeu du chat et de la souris agrémenté de « je t’aime, moi non plus ». Si Violette vénère sa souffrance, Alexis veut l’en sortir et lui offrir la belle vie. Mais les blessures d’orgueil paternelles ne trouveront jamais réparation dans les bras d’un homme. Violette aime a se détruire et a saccager quiconque oserait l’aimer. Peu importe les conséquences.
Patrick Poivre d’Arvor nous livre une histoire d’amour foudroyante et destructrice. Il semble s’attacher a démontrer que la passion mène fatalement à la souffrance et à la perte de soi-même. Il présente son héroïne comme une femme « au visage d’ange va se révéler démon », qui « entraîne en enfer les rares êtres qui viennent à elle pour la protéger, l’aider et surtout l’aimer ». Et son héros va bien connaître l’enfer, l’enfer de la souffrance amoureuse, de l’absence, de l’adultère, des mensonges. Il va se consumer page après page pour cette femme qui ne veut pas être aimer.
Poivre d’Arvor nous conduit dans des sensations étranges. Le lecteur enfile les pages, magnétisé par cette femme fatale ; mais sans réellement comprendre pourquoi il ne peut lâcher cette oeuvre au synopsis finalement banal. Si l’héroïne semble transcender les pages, offrant l’envie irrésistible de connaître le fin mot de cette relation vouée à l’échec, il y a ce sentiment désagréable de ne pas cerner où l’auteur veut nous conduire.
A cela viennent s’ajouter les nombreux narrateurs et modes de narration différent à chaque chapitre, sans jamais dévoiler la nature des conteurs. Si l’idée est intéressante, elle rend la lecture du roman plus complexe mais offre, probablement, l’intérêt littéraire de ce livre.
Finalement, on referme ce roman avec un goût d’inachevé, et presque d’imposture. Le sentiment de s’être fait berner par la quatrième de couverture qui promettait des introspections violentes, une nébuleuse romantique, poétique… Il n’en reste qu’une impression d’un rendez-vous manqué. L’impression également, d’être passé à côté de quelque chose, une phrase, un mot qui offrirait la clé permettant de savourer pleinement ce roman.
A trop vouloir distiller et garder le mystère sans presque ne jamais rien dévoiler, Patrick Poivre d’Arvor en oublie que le lecteur a besoin de plus qu’un effleurement littéraire, de mots pudiques. Celui-ci se retrouve spectateur-voyeur de cette passion dévorante. Peut-être est-ce là, en réalité, la raison. L’écrivain nous fait spectateur malsain d’une relation destructrice, mensongère et psychologiquement violente. Et c’est probablement là que l’auteur démontre de son génie : nous faire ressentir ce mal-être ecoeurant que Violette a pour elle-même.
Quatrième de couverture :
Cette femme » perdue » – pour elle-même ? Pour l’homme qui l’aime, et qu’elle ne cesse de quitter ? – est ce qu’on appelle une femme fatale : singulièrement belle, vénéneuse, fragile, cruelle, insaisissable… Ici, elle se prénomme Violette, comme l’illustre » Traviata » de Verdi. Et ceux qui prennent le risque de l’adorer sont en danger – après avoir été en extase. Faut-il alors plaindre Alexis, la victime qu’elle choisit dans ce roman ? Ou faut-il l’envier ?
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