« Encore une chanteuse mainstream ! ». « Qui ça ? Ingrid Michaelson ?, Ah oui, celle qui fait de la musique pour les séries américaines ! » Je pourrais continuer un moment avec ce genre de citation, mais bien évidemment, ce n’est pas l’idée que j’ai envie de développer ici.
Alors oui, c’est vrai, la musique d’Ingrid est régulièrement utilisée pour des TV Shows (Grey’s Anatomy, Scrubs, One Tree Hill pour les plus connues). Mais il y a deux points sur lesquels je voudrais insister un peu. Le premier, et le plus évident, c’est qu’elle n’écrit pas ses chansons pour ces séries, ni en se disant que telle ou telle chanson fera très bien dans un épisode de Grey’s Anatomy. Ses chansons sont choisies pour illustrer les séries ! Le deuxième point est peut-être plus personnel, mais vous le partagez sûrement. On a beau dire que les chansons diffusées dans ce type de séries sont formatées, moi j’ai découvert beaucoup de chanteuses intéressantes grâce à elles. Je n’y vois donc pas de point négatif !
Il y a une part de vérité quand certains disent que sa musique est mainstream. En surface, ses sonorité et sa production pop en font une très bonne musique de fond, que l’on peut écouter d’une oreille distraite, et bien sûr le fait qu’elle fasse des duos avec des artistes comme Joshua Radin et Sara Bareilles n’arrange pas les choses. Tant pis s’il se trouve que c’est leur amitié et leur envie de travailler ensemble qui les a menés à enregistrer ces duos.
Mais écouter Ingrid Michaelson d’une oreille distraite c’est perdre une grande partie de son travail, la plus intéressante d’ailleurs.
Les parents d’Ingrid sont tous les deux des artistes. Son père est pianiste et compositeur, sa mère est sculptrice et à la tête du musée de science et d’histoire naturelle new-yorkais Staten Island Museum. Ingrid a commencé le piano à quatre ans, elle l’étudiera tout au long de sa scolarité, et prendra aussi des cours de chant. Mais c’est avec un diplôme de théâtre qu’elle est sortie de la fac. Elle a d’ailleurs travaillé un moment dans le théâtre avant de se lancer professionnellement dans la musique.
Pour produire et diffuser sa musique Ingrid a créé son propre label Cabin 24 Records. Son premier album Slow The Rain sort en 2005 et même s’il passe un peu inaperçu, il possède déjà les ingrédients qui feront le succès d’Ingrid Michaelson par la suite. Un son indie-pop élaboré (le piano est parfois même jazzy) et des textes forts, chargés d’émotions et fédérateurs (enfin à la mesure de ses intentions, elle écrit sur les relations amoureuses, pas sur la politique). Ses talents d’écriture seront d’ailleurs récompensés à la sortie de son deuxième album Girls and Boys (2006). C’est cet album qui lui rapportera la reconnaissance du public (notamment au travers d’une des séries citée précédemment).
En 2008 elle sort Be OK, une nouvelle occasion pour ses détracteurs de l’attaquer. L’album est en effet une compilation de chansons déjà enregistrées (en studio et en live) et comportant deux reprises. Là où certains voient une simple compilation destinée à escroquer les fans de quelques dollars, je vois un disque qui trouve parfaitement sa place dans la jeune discographie d’une artiste qui évolue déjà et ne se repose pas sur un succès éphémère. De plus les bénéfices de la vente de ce disque sont reversés à la lutte contre le cancer.
C’est donc plus de trois ans après Girls and Boys que sort le troisième album d’Ingrid Michaelson : Everybody (disponible depuis le 25 août 2009) son premier album en tant qu’artiste reconnue. Everybody est un très bon disque autant pour celles et ceux qui suivent Ingrid depuis un moment que pour pour la découvrir. Il s’inscrit naturellement à la suite de Girls and Boys, mais on sent qu’elle est plus sûre d’elle, plus mature. Les trois années qu’elle a passées à tourner pour promouvoir son album précédent y sont certainement pour quelque chose.
Avec pour fil rouge différentes relations amoureuses (qu’elle annonce comme étant autobiographique), l’album nous fait passer de chanson percutante (Soldier où la forme rejoint le fond sur la thématique « militaire », Once Was Love avec son rythme up-tempo et ses cordes) voire déroutante (Locked Up) à des ballades mélancoliques avec cordes (Are We There Yet à la guitare et Men of Snow au piano) en passant par des chansons pop qui feront le bonheur des radios et TV Shows (Everybody est un tube au niveau de Be OK, Sort Of pour son piano entêtant). Vocalement il n’y a rien à redire, elle maîtrise parfaitement son chant, qui s’adapte aux émotions et aux rythmes de ses chansons, avec comme point haut The Chain et son canon vocal qui rend la chanson sublime. Le disque se termine sur le premier single Maybe, un choix un peu étonnant, mais la chanson n’aurait pas trouvée de meilleure place ailleurs.
L’écriture des textes parait plus simple que sur l’album précédent, mais reste pourtant aussi forte (Mountain and the Sea et So Long sont simples et touchantes).
En conclusion, Ingrid a su prendre du recul sur ses expériences passées et affiner son style pour réussir son album de « grande fille » et elle a de quoi en être fière.
Clip de Maybe par Indgrid Michaelson :
Son site : http://www.ingridmichaelson.com/home/main/
Son MySpace : http://www.myspace.com/ingridmichaelson
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