Chroniques ordinaires Humeurs

A la recherche d´une colocation

« Qui cherche trouve ! »

C’est un adage aussi bien connu que « Nul n’est censé ignorer la loi » et tout aussi controversé et injuste ! Il signifie que celui ou celle qui ne trouve pas est soit une quiche – pour parler poliment – soit ne sait pas chercher. Il y a effectivement une façon de chercher, néanmoins il y a toujours un facteur supplémentaire qui ne facilite rien, bien au contraire : la chance.

Si elle n’est pas du côté du chercheur, il pourra s’évertuer aussi longtemps qu’il voudra, rien ne se fera ! C’est comme la génétique : si vous n’avez pas le gène qui vous épargnera le TomTom, vous serez éternellement destinée à vous perdre, carte en main ou pas. « Ne pas chercher, c’est la meilleure façon de rester ignorant » étant un de mes adages personnels préférés, je préconise de prendre sur soi de s’en prendre plein la figure avant de tomber juste. Ca forge le caractère diraient les parents.

Imaginons une jeune et belle jeune femme, dans la fleur de l’âge, à la recherche d’une collocation et appelons-la Joséphine. Jojo pour les intimes, c’est vous, c’est moi, c’est la chercheuse dans toute sa splendeur, la malchance collée aux basques.

Son histoire commence dans une grande ville universitaire où elle habite chez un membre de sa famille gratuitement, disons un cousin du 3ème degré du côté maternel, 57 ans, marié, trois marmots en pleine puberté fan de Tektonik et une charmante épouse qui n’aime pas notre amie Jojo. Sans compter les copains de tonton qui viennent se coller tous les jeudis soirs devant un match de foot, juste à côté de sa chambre.

Joséphine est d’une nature très optimiste, du moins elle l’était jusqu’au moment de débarquer dans sa collocation d’urgence avec son oncle et sa famille. Teint étincelant et bonne humeur ont déclarés forfait au bout de deux jours, après la session de hurlements bestiaux, cris de putois en rut et engueulades mémorables. Joséphine s’est alors décidée à chercher la colocation de ses rêves avec des colocataires à la hauteur de ses espérances. Car plutôt payer en euros qu’en neurones.

Son premier geste : s’inscrire sur divers sites internet proposant des annonces pour des colocations afin de recevoir les dernières annonces publiées. Avec toute la joie d’une enfant devant une balançoire flambant neuve, Joséphine découvre une liste de 56 pages de résultats concordants avec ses attentes de base : loyer bas comme toute étudiante qui se respecte, taille de la chambre moyenne pour pouvoir caser toutes les paires de chaussures, accès aux transports en commun facile pour ne pas gâcher le brushing si tôt le matin.

Joséphine décide aussi de publier une annonce afin d’élargir ses chances d’intéresser ses futurs colocataires : « Salut salut ! Moi c’est Joséphine, Jojo pour les intimes loool, j’ai 24 ans et toutes mes dents loool, j’étudie l’histoire et je suis super gentille, pas compliquée et j’aime bien faire le ménage loool oui ça existe looool et je cherche absolument une collocation, j’en peux plus de ma famille, loool ! Envoyez-moi un comm ou appelez-moi, j’ai pas un forfait millenium non plus loool ! Bisous, loool !» Clic gauche énergique sur Publier et voilà notre Jojo qui termine bien sa journée. C’est pleine d’espoir et sur ce départ prometteur que notre Joséphine s’en va se jeter dans les bras de Morphée.

Une nuit pleine de doux rêves et une journée de grève plus tard, notre amie se jette sur son ordinateur et quel n’est pas le choc lorsqu’elle découvre le message suivant : « Boite de réception : 68 nouveaux messages » ! Joséphine réalise alors la chance qu’elle a d’avoir suscité autant d’intérêt pour elle toute seule et se met à lire toutes les propositions : Réponses à annonce n° 1, 2, 3, 5, 7, 12, 14, 15, 23, 27, 30, 33, 34, 48, 49, 51, 53, 57, 61 et 68 : « Salu cokin, ca va ? Cool tm fair le ménag, tu v1 ché oim ? » Clic droit énergique sur Effacer. Note à elle-même : « Modifier mon annonce ! »

Réponse à annonce n° 4, 6, 11, 13, 16, 17, 18, 37, 38: « Salu, moi c Rom1, j’ai un grand appart, trois chambres, 300 euros, pas loin de l’arret de bus. Je t’ai mis quelques foto de l’appart et de moi, tu m’envoies ta photo ? » Ah, se dit-elle, en voilà qui sont intéressants. Clic gauche sur Répondre : « Salut Romain, merci pour ton mail, ça a l’air trop bien loool ! Je peux passer chez toi cette semaine encore si tu veux, dis moi vite, loool ! » La réponse en neuf exemplaires ne se fait pas attendre : « Tu m’envoies ta photo ? » Euh… se dit Joséphine, ils se croient tous sur Meetic ?? Car oui, le mâle étudiant est souvent à la recherche non pas d’une colocatrice, mais d’une future copine. Trop compliqué de trouver ça à la fac, alors le mâle moderne fais passer une annonce de colocation, autant joindre l’utile à l’agréable, à savoir, quelque chose sous la main pour s’amuser et une bonne ménagère qui fait baisser le loyer. On en rêve toutes !

Les autres annonces n’étant pas nécessairement mieux, Joséphine prend la bonne décision, et jette tout ce beau monde à la corbeille. Un peu dépitée mais toujours aussi motivée, Joséphine change de tactique et décide de modifier son annonce : « Bonjour, je m’appelle Joséphine, j’ai 24 ans et je suis étudiante en 2ème année de master histoire. Je suis à la recherche d’une collocation, maximum 300 euros de loyer CC, accès rapide aux transports en commun, minimum 15m². Contactez-moi par mail ou par téléphone. » Exit les loool qui laissent présager la cruche bien vide, et les détails trop personnels qui laissent présager la fille « open ». Un peu moins convaincue mais toujours pleine d’espoir, Joséphine laisse ses soucis de côté pour les bras de Morphée.

Le lendemain, un peu récalcitrante et tremblante, Joséphine allume son ordinateur et voit avec surprise le message suivant : « Boite de réception : 107 nouveaux messages » ! Ah, se dit-elle, il va au moins y avoir une annonce correcte dans toutes celles-ci ! En fait il y en a eu 10 et Joséphine décide d’appeler les auteurs un à un pour convenir d’un rendez-vous. Les 10 s’avèrent très sympa, quoi que, Joséphine n’a pas osé demander à l’appel n9 quels étaient donc ces cris d’enfants… 3 visites par jour pendant trois jours et Joséphine est persuadée d’y trouver son bonheur.

Les deux premiers se passent bien, on discute loyer, charges, quartiers, et hop c’est fait en dix minutes ! Voilà qui n’est pas bien pratique pour notre Joséphine qui avait préparé tout un discours pour charmer ses interlocuteurs. Apparemment, à la 100ème visite de la journée, n’importe quel clown en perdrait son nez rouge. C’est donc à force de « Voilà ta chambre, ça c’est la mienne, cuisine, salle de bain, sympa d’et’ passée, j’t’appelle, ciao. » que les visites se déroulent. Joséphine en voit des vertes et des pas mures pendant ses visites, de l’intello qui ne supporte pas le moindre bruit de pas et encore moins les styletos de Joséphine sur le parquet tout neuf, au fetard invétéré qui a oublié qu’un jour fut inventée la poubelle.

Au marathon des visites suit le marathon de l’attente des réponses. Joséphine se rend alors compte qu’elle a une facheuse tendance à se croire seule au monde et toutes les collocations lui passent sous le nez. Les raison d’un tel refus restent souvent mystérieuses, comme on ne comprend pas toujours pourquoi, lors du casting de la Star Ac’, Magalie Vaé avait été admise, mais voilà, les faits sont là, les albums sont restés dans les bacs et les collocations sont passées sous le nez et Joséphine se retrouve de nouveau comme au départ. Partir à la recherche d’une colocation n’est pas facile et avant de comprendre dans quoi l’on s’engage, un mois est déjà passé ! S’armer de patiente et de bonne volonté et surtout ne pas accepter n’importe quoi sont les règles d’or d’une recherche, car un oncle envahissant est toujours mieux qu’une mère de deux enfants au chômage qui vous prend pour son au pair gratuite. La crise financière est partout, mais il ne faut jamais exagérer !

Afin de donner une fin digne des plus beaux contes de fées à l’histoire de notre Jojo nationale, oui, elle a finit par trouver la colocation de ses rêves. Dès cet instant elle emménagea, elle vécut heureuse et eut beaucoup de colocataires ! N’oubliez pas : « Qui cherche trouve » !

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2 Comments

  • Reply
    Marie
    22 avril 2009 at 10:27

    Géniale histoire, qui me rappelle des souvenirs… C’est pire quand on cherche à l’étranger (type on part en Erasmus ou en stage) avec carrément moins de possibilités de visiter ! J’en ai eu pour 200€ de train + hôtel en tentant d’aller visiter des colocs comme ça, et me suis quand même fait jeter ! D’où règle d’or : pour une coloc de courte durée à l’étranger, chercher avec d’autres étrangers, les locaux cherchent des colocs à long terme !

  • Reply
    Mlle Gima
    15 avril 2009 at 8:37

    Oula… Très bien raconter. Toutefois la collocation des rêves c’est rarement trouvé en 3 jours, et une foi sur place on apprend à « mieux » découvrir l’autre colocataire…

    M’enfin j’ai de plus ou moins bons souvenirs de coloc’ donc je dois pas être un super témoin ^^

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