Un polar fun, original, surprenant, qui va à cent à l’heure et doté d’un casting de rêve, ça vous tente ? Question purement rhétorique, bien sûr que ça vous tente ! Peu connu du grand public et pourtant culte dans son genre, « Slevin » est une petite merveille cinématographique, à mi chemin entre « Pulp Fiction » et « Usual Suspects » ; présentation !
« Le Kansas City Shuffle, c’est quand tout le monde regarde à droite …, et que vous allez à gauche. » Cette citation tirée du film « Lucky Number Slevin » (titre anglais) illustre parfaitement l’intention du réalisateur lorsqu’il a décidé de faire ce long-métrage…
Réalisé par Paul McGuigan (récemment à l’affiche avec « Push ») en 2006, « Slevin » vous entraîne là où vous n’auriez absolument pas songé aller ! Alors que vous êtes complètement perdu dans ce film à priori brouillon (et j’insiste sur le terme « à priori » !) et que vous pensez avoir finalement, au prix d’un grand effort de concentration et d’une quasi-asphyxie cérébrale, mis le doigt sur quelque chose qui vous aide à la compréhension de l’histoire, « Slevin » prend, de façon tout à fait inattendue, un virage à 180° et vous emmène dans une toute autre direction !
Dans ce film qui va à cent à l’heure donc, McGuigan laisse pourtant son spectateur respirer … les quinze premières minutes du film !
En effet, on peut reprocher à « Slevin » d’être un peu lent à démarrer, mais, ceci justifiant cela, ce premier quart d’heure somme toute assez traînant j’en conviens, est cependant nécessaire afin de poser les bases du récit. Et Dieu sait qu’elles sont nombreuses dans cette intrigue où tous les personnages sont reliés. Quinze minutes qui permettent au spectateur de se familiariser avec le contexte de l’histoire, et de découvrir son héros : Slevin. Enfin … anti héros serait plus juste ! Car Slevin n’a rien d’un héros. Il aurait même plutôt tout d’un loser ! Au début du récit, Slevin débarque à New York avec pour but de rendre visite à son ami Nick et surtout, pour prendre un peu l’air, et oublier les galères qui lui sont récemment tombées dessus ! Parce que Slevin n’a pas de chance, il est victime ce que l’on appelle la loi de Murphy.
1/ Il a perdu son job.
2/ Il s’est fait expulser de chez lui, des termites géantes ayant envahis son immeuble.
3/ Décidé à rendre visite à l’improviste à sa copine, il la trouve dans une position plutôt compromettante avec un homme qui, de toute évidence, n’est pas lui !
4/ Fraîchement débarqué de l’avion qui l’a amené dans la « grosse pomme », il se fait tirer son porte feuille…
Et ce n’est qu’un début, car pour couronner le tout, Slevin va se retrouver malgré lui en plein cœur d’une guerre des gangs qui oppose les deux gangsters les plus dangereux de New York : le Boss et le Rabin.
Arrivée là et à sa place, j’aurais déjà pris mes jambes à mon cou ! Mais pas Slevin, bien décidé, avec l’aide de sa voisine montée sur ressorts et plus excitée qu’une pile Energizer, à tenter de trouver une solution afin de se sortir (indemne de préférence !) de ce guêpier.
Vous voilà ainsi pris dans un tourbillon verbal et visuel dans lequel les répliques fusent, la violence est brutale mais jamais gratuite, les retournements de situations surprenants et le cinquième degré de rigueur ! Le tout plongé dans une esthétique très pop 70 ; ne vous enfuyiez pas devant les tapisseries très kitch choisies pour les décors intérieurs ! Car tout est original et insolite dans le film de McGuigan. Les décors donc, qui donnent l’impression d’être tout droit sortis d’un dessin de Lichtenstein, les dialogues, drôles et rythmés, les situations, parfois burlesques, et les personnages, hauts en couleur, tous plus farfelus les uns que les autres ! Le tout remarquablement filmé.
Parce qu’il ne suffit pas d’avoir un scénario bien pensé et des personnages hors du commun pour faire un bon film, encore faut-il pouvoir les mettre en scène de façon à ce que le tout donne un résultat explosif, comme c’est le cas de « Lucky Number Slevin ». Paul McGuigan y est parvenu en construisant son récit sur un système narratif d’ellipses, de ralentis et de flash-back, faisant de « Slevin » un film-puzzle, qu’il reconstitue pièce par pièce au fil des scènes. Toute l’originalité de ce long-métrage vient du fait que l’Ecossais parvient à balader son spectateur exactement où il veut, faisant de lui une marionnette qui décidément, n’y comprend rien du tout, jusqu’au dénouement final ! Et le plus rageant, et aussi le plus drôle dans cette affaire, c’est qu’une fois le visionnage achevé le spectateur se rend compte qu’il aurait très bien pu trouver la clé de l’énigme lui-même, McGuigan ayant laissé de nombreux indices traîner par-ci par-là… Seulement voilà, la mise en scène est à ce point remarquable qu’il est impossible (à moins de l’avoir déjà vu !) de deviner quelle direction va prendre le récit : « tout le monde regarde à droite …, et vous allez à gauche. »
Le casting pour finir, vient achever un spectateur déjà tourneboulé : Josh Hartnett, Lucy Liu, Stanley Tucci, Morgan Freeman, Sir Ben Kingsley et Bruce Willis, rien que du beau monde! Et ! Petit bonus pour vous Mesdemoiselles, Josh Hartnett passe la moitié du film simplement vêtu… d’une serviette ! Si avec ça vous ne courrez pas louer le dvd !
Site officiel : http://www.slevin-lefilm.com/
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