Julian Schnabel, né à New York en 1951, passe son enfance dans le Texas où il étudie les beaux-arts. EN 1979, il expose pour la première fois à la Mary Boone Gallery sur la cinquième avenue et devient rapidement une figure importante du né-expressionnisme. Son oeuvre est visible dans plusieurs grands musées d’art contemporain du monde. Le peintre a rejoint le mouvement qualifié de « Bad Painting » en réaction au minimalisme et à l’art conceptuel dans les années 1970 et 19080, et s’est fait connaître par des grands formats toujours étonnants. Sa peinture s’inscrit dans des formats monumentaux sur des panneaux recouvrant des murs entiers.
Ses premiers pas dans le cinéma sont directement liés à son parcours artistique.
Filmographie :
C’est en 1996 qu’il réalise son premier film « Basquiat », biographie du peintre américain néo-expressionniste, hommage à l’artiste disparu prématurément en 1988. Jean-Michel Basquiat, projeté au firmament des peintres contemporains, poursuit son errance solitaire vers une mort inexorable.
Schnabel rend ainsi hommage à son ami, un artiste surdoué, originaire d’Haïti, premier artiste noir à avoir réussi dans le monde de l’art. Le réalisateur évoque la vie et l’oeuvre de cet artiste d’avant garde très populaire et pionner de la mouvance dite « underground » au style original, nerveux, violent et énergique, qui mourra d’une overdose.
En 2000, il adapte « avant la nuit », roman autobiographique de l’écrivain cubain Reinaldo Arenas, poursuivi pour ses écrits virulents envers le pouvoir, persécuté pour son homosexualité, jusqu’à son exil à New-York en 1980, atteint du sida, l’écrivain se suicidera en 1990. Ce film sera récompensé par le Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise en 2000.
En 2006, Julian Schnabel passe devant la caméra de Sydney Pollak pour le documentaire « Esquisses » de Frank Gehry.
En 2007, il réalise « le scaphandre et le papillon » témoignage de Jean-Dominique Bauby, atteint d’un locked-in sindrôm, et dont le réalisateur obtiendra le prix de la mise en scène au festival de Cannes en 1007.
Un accident vasculaire cérébral plonge le journaliste Jean-Dominique Bauby dans un coma profond. Au réveil, toutes ses fonctions motrices sont détériorées. Atteint du « locked-in syndrôm », Jean-Dominique Bauby ne communique qu’avec son oeil, seul lien avec la vie. C’est avec talent que Schnabel réalise un sujet sensible, en effectuant un travail particulier avec la caméra sur le regard de l’acteur Mahieu Almaric, particulièrement excellent dans ce rôle. Ce film émouvant a eu les Golden Globe du meilleur film en langue étrangère et celui du Meilleur Réalisateur et le prix de la mise en scène au festival de Cannes en 2007.
En 2008, Julian Schnabel présente un documentaire musical « Berlin », offrant ainsi une deuxième vie à l’album longtemps banni des platines. Ce documentaire contre l’envers de la tournée de Lou Reed en 2008 « Berlin ».
Dans ses films, Julian Schnabel s’attache à perpétrer la mémoire de ceux que les drames personnels ont détruit et confirme son amour pour les films consacrés à une personne, souvent marginale, des artistes en souffrance, des hommes qui se battent et qui souffrent.
Projecteur sur un film de Julian Schnabel : « avant la nuit’
Dans les années 1960, Reinaldo Arenas, écrivain, subit la répression de la dictature castriste. Les écrivains renoncent à leurs écrits, les homosexuels déclarés « déviants » sont envoyés dans des camps de travaux forcés. Malgré cela, Reinaldo Arenas continue d’écrire, en 1973, il est accusé à tort d’attentat à la pudeur et se fait arrêter. Il s’échappe, se fait reprendre et sera conduit au pénitencier d’El Morro. A la sortie, il rencontre Laro Gomez Carriles avec qui il se lie d’une grande amitié. Reinaldo Arenas envoie ses manuscrits à l’étranger pour se faire publier et réussit à s’exiler à New York.
Ce film fait une critique violente du régime de Fidel Castro et montre comment un artiste peut être empêché de créer par un gouvernement au nom de raisons complètement injustifiées. Liberté de créer, d’être soi même, de pouvoir critiquer le gouvernement sans être censuré sont les thèmes du film.
Ce film retrace ainsi plus de quarante années de la vie de Reinaldo Arenas au destin tragique, puisque atteint du sida en 1987, il se suicidera en 1990 à New York.
« Avant la nuit » est une oeuvre libre et forte construite autour du travail de l’acteur Javier Bardem et du réalisateur qui adapte ainsi le récit hallucinant de ces années de persécution Julian Schnabel ose ainsi un mélange des genres, montage d’actualités, reconstitution et séquences baroques se mélangent donnant un film lyrique, âpre et fiévreux.
L’acteur Javier Bardem, qui incarne l’écrivain est parti à Cuba rencontrer les contemporains de Reinaldo Arenas avant de se se décider à jouer le rôle qui lui sied à merveille. L’acteur incarne le rôle de l’écrivain avec fougue montrant ainsi toute l’étendue de son talent, son interprétation touche au plus profond. Sa ressemblance physique avec l’écrivain est également incroyable.
Julian Schnabel maîtrise bien son sujet et sa mise en scène est profonde, il parvient à restituer l’émotion de l’histoire de cet homme privé de liberté créatrice et sexuelle dont l’hostilité envers les dirigeants politiques et son homosexualité lui vaudront d’être réprimé et envoyé dans les prisons les plus sordides du pays. Il parviendra à s’échapper et s’exiler aux Etats-Unis, où il vivra dans la solitude et la marginalité..
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