Il voulait qu’on le surnomme « le Robin des Bois Français » mais l’histoire lui a préféré les expressions « L’Homme aux mille visages » ou « l’Ennemi public n°1 ». Plusieurs appellations pour le même patronyme : Jacques Mesrine. Icône révolutionnaire pour certains, sombre meurtrier et cambrioleur pour d’autres, Mesrine jouit encore après sa mort d’un statut de mythe. Après avoir inspiré un film, Mesrine, réalisé en 1983 par André Génovès, un téléfilm, La Chasse à l’homme d’Arnaud Sélignac (2006), et de nombreux musiciens (de Trust à IAM en passant par Sinik, Renaud, La Souris Déglinguée, Jacques Higelin et Pierpoljak), le plus célèbre des gangsters français revient sous les projecteurs cette fois-ci de Jean-François Richet. Réalisé sous la forme d’un diptyque, c’est à dire de deux films, la saga produit par Thomas Langmann dépeint autant le personnage publique que son parcours criminel hors normes. Si le premier volet intitulé L’Instinct de mort s’attache à la montée en puissance du jeune voyou de Clichy dans les années 60, le deuxième, à savoir L’Ennemi public n°1, s’attarde quant à lui à ses spectaculaires actions criminelles qui lui vaudront d’être traqué par la police jusqu’à sa mort inéluctable, ce 2 novembre 1979 .
Présent dans les deux volets, Vincent Cassel campe un Mesrine plus vrai que nature, trouble et tourmenté autant dans sa vie médiatique que privée. Littéralement transfiguré par le personnage (il a pris 20 kg pour le rôle !), celui-ci n’hésite pas à commenter à ce sujet : « Un homme qui s’affirme aussi fort est souvent une source d’inspiration pour les gens « normaux », ceux qui n’osent pas. Il est un produit de son époque avec une lucidité incroyable sur ce qu’il est et sur ce qu’il génère autour de lui. En cela, il est assez fascinant. Il y a des moments où Mesrine commet des actes impardonnables, sauvages, d’autres où il a fait preuve d’une bravoure et d’une invention exceptionnelles. Ce sont justement ces contradictions qui font sa richesse. Certains vont le trouver antipathique et abject, d’autres vont apprécier qu’il aille au bout de lui-même en assumant tout et vont s’identifier. Aujourd’hui, après neuf mois de tournage, j’ai toujours du mal à le juger« . Comment ne pas sortir indemne d’un tel tournage ?
Maintes fois repoussée, la réalisation d’un tel biopic n’a pourtant bien failli jamais se faire. Exercice difficile que de porter à l’écran la dérive criminelle d’un bandit notoire comme Mesrine, lui insuffler un caractère « humain » sans verser dans les clichés et la facilité… C’était visiblement sans compter sur la réalisation de Richet et son souci de coller aux faits historiques en même temps qu’aux deux autobiographies de Mesrine (L’Instinct de Mort et Coupable d’être innocent) et à l’interprétation saisissante d’une pléiade de pointures comme Michel Duchaussoy, Gérard Depardieu, Cécile de France ou Ludivine Sagnier. Et bien sûr, mention spéciale pour Vincent Cassel qui signe là un sans faute dans son éclectique filmographie !
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