« La possibilité d’une île », c’est avant tout le dernier roman en date de Michel Houellebecq. Celui-ci a décidé d’adapter lui-même son œuvre à l’écran, en le simplifiant, reprenant simplement le thème central du clonage et la question philosophique de l’immortalité de l’âme. A première vue, « La Possibilité d’une île » a tout pour être un bide commercial : une très mauvaise presse, seulement une soixantaine de salles pour le diffuser la première semaine… Lorsque je suis allé le voir, nous étions quatre dans la salle ! Cela dit, il est de bon ton de taper sur Michel Houellebecq, qui se plaît lui-même à se constituer une image de personnage peu attirant. Mais la lecture de ses livres révèle que l’homme est intelligent et a des choses à dire.
Le film se déroule sur un rythme lent. Il est une sorte de vulgarisation du livre, l’histoire étant résumée à son thème principal. L’histoire de Daniel, découverte par Daniel 25, son vingt-quatrième clone créé grâce à la secte des Elohim. En fait, ce film est tout autant l’adaptation du roman « La Possibilité d’une île » que celle de « Lanzarote », un autre texte plus court de Michel Houellebecq, sur le thème du tourisme. Il semble que l’auteur et réalisateur ait tout fait pour rendre sa pensée accessible. Et cela marche plutôt bien ! Par des artifices comme ce désopilant touriste belge (qui n’est pas si bête qu’il en a l’air), inspiré de Rudi qui apparaît dans « Lanzarote », Houellebecq parvient faire toucher du doigt le problème de fond à n’importe quel spectateur qui ose rentrer dans la salle obscure.
Le film joue beaucoup sur de petits détails, qui le rendent assez vivant malgré la simplicité générale du scénario. Ainsi, les images (très léchées et esthétiques) présentent souvent une action principale, et une autre, secondaire et simultanée, qui fait le piment, souvent humoristique, de la scène. Au tout début par exemple, Houellebecq se prend pour Hitchcock, en apparaissant dans son propre film, au fond de la salle où le prophète donne sa réunion.
« La possibilité d’une île » est un film un peu déroutant, mais intéressant. Le lecteur du roman regrettera simplement de ne pas y retrouver toute la dimension cynique du personnage de Daniel, qui est une critique acerbe de la société politiquement correcte. En voulant intégrer l’histoire de « Lanzarote » à son film, Houellebecq a effectué une sorte de retour en arrière. En effet, abordant déjà le thème de la secte et de l’immortalité dans ses derniers paragraphes, « Lanzarote » peut être considéré comme un brouillon du roman « la Possibilité d’une île ». Une simplification de l’histoire un peu regrettable, mais qui permet au film de présenter une durée standard.
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