Réalisateur américain né le 26 juillet 1928 à New-York, d’un père médecin et d’une mère danseuse. A 13 ans, son père lui offre son premier appareil photo et l’initie à la photographie. Il vend une de ses photos au magazine « Look », photo représentant un marchand de journaux en larmes après la mort de Franklin Roosevelt ; il sera engagé alors comme photographe indépendant, il a 16 ans et y restera jusqu’à ses 21 ans. Ce travail lui permis de s’initier au côté photographique du cinéma comme la composition de l’image, les éclairages, l’usage des extérieurs, l’art de saisir le mouvement. Pour lui le montage est la base de l’art cinématographique.
Grand amateur de boxe, il réalise son premier photos-récit intitulé « Prizefighter » (le professionnel) qui suit une journée du boxeur Walter Cartier. Ce reportage sera à l’origine de son premier film « Day of the Fight ». C’est en 1950 que Stanley Kubrick décide de se lancer dans le cinéma de façon autodidacte, il n’a jamais fréquenté d’école de cinéma.
Entre 1950 et 1951, il réalise deux documentaires : « Day of the fight » donc, et « Flying Padre », deux jours dans la vie du révérend Fred Stamueller, missionnaire catholique. En 1952, il coréalise un épisode pour la série télévisée « Omnibus » consacré à Abraham Lincoln. Par la suite il réalisera plusieurs épisodes en tant qu’assistant-réalisateur. En 1953, il réalise son premier documentaire en couleur « the Seafarers » (les marins).
Ce n’est donc qu’en 1953 qu’il réalise son premier vrai long métrage « Fear and Désire » (Peur et désir), film qui raconte l’histoire d’un groupe de soldats chargés d’éliminer une troupe ennemie dans une guerre fictive. Le film sera un échec commercial…
En 1954, « le baiser du tueur », second long métrage tourné dans les rues de New York raconte l’histoire d’un boxeur minable obligé de fuir la mafia. Ce film démontre le talent de Stanley Kubrick pour la photographie car il y prouve ses capacités à jouer avec l’ombre et la lumière et fut récompensé par un Léopard d’or, ce film confirmera également la maîtrise technique et l’originalité dans la scène de règlement de compte avec les mannequins.
En 1956, « l’Ultime Razzia » est un film noir de braquage, il démontre à son équipe technique ses connaissances et son intérêt pour la photographie et la prise de vue. Pour Stanley Kubrick, un réalisateur est à la fois metteur en scène et technicien.
En 1957, il dirigera Kirk Douglas dans le film « les Sentiers de la Gloire », film sur l’absurdité de la guerre. Dans ce film apparaîtront les séquences chères à Stanley Kubrick et qu’il perfectionnera par la suite, comme le travelling compensé arrière, l’utilisation intelligente de la musique, le mouvement complexe de la caméra. Il sera alors sollicité par l’acteur Kirk Douglas pour terminer le Peplum hollywoodien « Spartacus » dans lequel Stanley Kubrick interviendra notamment sur le scénario qu’il trouve moralisateur et sans intérêt (histoire vraie du soulèvement d’esclaves romains). Ce film aura un succès critique et commercial, des années plus tard, Kubrick le renie et en garde un souvenir amer, c’est le film le plus impersonnel du réalisateur.
Puis en 1961, il devient réalisateur indépendant et s’exile dans la banlieue de Londres, pour des raisons cinématographiques, car d’une part, le gouvernement britannique favorise la création cinématographique par des aides financières généreuses, et d’autre part, le mode de vie anglais est plus adapté au style de vie de la famille Kubrick.
C’est en 1962 qu’il réalise « Lolita », premier film polémique d’après le roman sulfureux de Vladimir Nabokov ; il sollicitera l’écrivain pour écrire ensemble la rédaction du scénario et écrire ainsi une nouvelle version du roman. L’histoire d’un homme d’âge mur pris de passion pour une adolescente -Lolita- dans laquelle Peter Sellers y fait une interprétation très remarquée.
« Docteur Folamour » sortira en 1963, ce sera son second film polémique, premier opus d’une trilogie de films sur la science fiction. Farce burlesque où la guerre nucléaire totale est déclarée suite à l’action d’un commandant devenu fou et d’un système de défense automatique, satire des milieux politico-militaire, ce nouveau film sortira en pleine guerre froide. Peter Sellers joue le rôle du Président des Etats-Unis, pour lequel lui sera donnée une grande liberté d’improvisation. Ce film sera nominé quatre fois à l’Oscar : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleur adaptation cinématographique.
Il va passer cinq ans à développer son prochain film « 2001, l’odyssée de l’espace » dont la beauté plastique et la mise en scène marqueront un tournant dans le cinéma mondial en particulier en science fiction. Il choisit Arthur C.Clarke pour l’écriture du scénario. Souhaitant une vision de l’espace éloignée des bandes dessinées et proche des observations scientifiques, il souhaite que les décors soient techniquement réalisables dans le futur. Le tournage nécessitera quatre mois de travail pour les acteurs, et dix huit mois de travail pour les effets spéciaux. Pour la première fois, il utilisera de la musique classique. Le film est un triomphe, il recevra son seul et unique oscar de toute sa carrière, celui des meilleurs effets spéciaux, ce sera le début de la légende du réalisateur, expert de la mise en scène qui en maitrise parfaitement tous les rouages.
En 1971, « Orange Mécanique » film à la violence et à l’érotisme prémonitoire adapté du roman de l’écrivain britannique Anthony Burgess. Le thème sera développé dans le film avec Alex qui représente l’inconscient de l’homme qui lutte entre le bien et le mal dans un monde qui s’effondre, sur fond de mouvement de la Symphonie n° 9 de Beethoven. En Angleterre, le film suscitera une vive polémique aggravée par plusieurs faits divers où des délinquants s’inspireront du personnage principal. Ce film a été élu meilleur film de l’année 1972, et sera l’un des plus gros succès de la Warner Bros.
« Barry Lindon » premier film historique d’après le roman de William Makepeace Tackeray.L’histoire d’un jeune intriguant irlandais de son ascension à sa déchéance dans la fastueuse société anglaise. Le film décrochera quatre oscars : meilleure direction artistique et décors, photographie, costumes, arrangement musical.
Après l’échec commercial de « Barry Lindon », Kubrick écrit un film d’horreur « Shining » adapté du roman de Stephen King « The Shining », mais Kubrick modifiera légèrement l’histoire, avec pour acteur principal Jack Nicholson, dont le rôle sied à merveille. Ce film est considéré par Stanley Kubrick comme son œuvre la plus personnelle.
Puis le réalisateur veut tourner un vrai film de guerre où le héros intellectuellement supérieur à ses camarades doit lutter entre le bien et le mal dans un monde en guerre. Dans « Full Metal Jacket » Stanley Kubrick impose sa propre vision de la guerre et de l’âme humaine, en détournant l’esprit du livre de Gustav Hasford, dont il s’est inspiré au départ. Ce film sera un succès commercial, dans lequel on suit l’entrainement et la formation d’un groupe de jeunes américains dans un camp de marines pendant la guerre du Viet Nam, et la bataille du Têt dans la Provience de Hué.
Son dernier film « Eyes Wide Shut » qui réunit Nicole Kidman et Tom Cruise et dont le film est tiré du roman « La nouvelle rêvée » de l’écrivain autrichien Arthur Schnitzler est un voyage entre le réel et l’imaginaire, un thème qui a toujours fasciné le réalisateur, le thème du double qui envahit tout et la perte d’identité.
C’est le film testament du réalisateur, ce film sortira en juillet 1999, soit quatre mois après son décès. Stanley Kubrick étant décédé le 7 mars 1999 en Angleterre.
Directeur de la photographie, réalisateur, producteur, scénariste, monteur, esthète, très exigeant sur la qualité d’une œuvre cinématographie, Kubrick a laissé une œuvre variée et d’une grande intensité. Ses longs métrages ont souvent suscité la polémique, mais se sont imposés comme des classiques du cinéma. Ses films sont l’accomplissement de ses rêves de cinéphile : réaliser ce qu’il n’avait pas encore vu sur un écran, parvenir à ce que chaque film fasse éclater les limites d’un genre et le renouvelle, surprendre le spectateur par la radicalité d’un autre regard sur le monde.
Perfectionniste jusqu’au moindre détail, Stanley Kubrick était un homme d’une lucidité absolue, voire cruelle sur l’existence humaine, mais d’une compassion infinie, il était contre l’idée que les choses aient l’air plus merveilleuses qu’elles ne le sont en réalité et tenait à garder son esprit critique surtout dans le travail. Depuis plus de vingt ans il avait choisi de vivre dans la banlieue de Londres, c’est à son domicile dans sa campagne qu’il fut enterré, ce batteur de jazz de formation, passionné d’échecs avait dit « la question est de savoir si l’on donne au public quelque chose qui vise à rendre plus heureux, ou quelque chose qui corresponde à la vérité du sujet. »
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