Eve Angeli, c’est avant tout une voix, qu’on aime… ou pas ! C’est ce qui a fait connaître cette sétoise, repérée dans le télé crochet Graines de Star. Explication du phénomène qui a propulsé Eve Angeli sur le devant de la scène…
Bon, il faut bien avouer que la télé réalité n’était pas alors ce qu’elle est maintenant. On était en 2000 et le Loft n’était pas encore né, en France du moins. Maintenant, l’abondance de programmes de ce genre laisse un choix pléthorique de chanteurs-kleenex (Michal, si tu nous lis…) tous plus talentueux (ou pas) les uns que les autres. Traduisons cela par une réalité économique. L’offre en chanteur-kleenex peut être comparé à celle des supermarchés des pays de l’Est après la chute du communisme. Des étalages vides (à part deux-trois biscuits sec en Ukraine et Eve Angeli sur M6) vers une offre luxuriante impossible à absorber. Gorbatchev-Benji Castaldi même combat ! Il s’en est suivi une chute dramatique du cours du chanteur-kleenex. Avant le Loft et la Star Ac’, il valait trois pauses publicitaires. Maintenant, un ou deux spots et encore… Eve Angeli a eu la chance d’appartenir à cette période de vaches maigres (ce qualificatif NE désigne PAS Eve Angeli). Résultat : un album qui a marché suivi de deux autres (qui ont moins bien marché mais qui existent quand même, ce n’est pas donné à tout le monde). Et près de dix ans après, on entend toujours parler d’Eve Angeli. Quel mystère se cache derrière cela ?
Déjà, le devoir de mémoire. Logique du raisonnement précédent, les nouveaux chanteurs ne se succédaient pas à l’allure des hirondelles sur un fil à haute tension au printemps. Lorsque vous avez Eve Angeli dans les oreilles pendant plusieurs mois d’affilée, ça marque même les plus blasés. Ensuite, et c’est là qu’est apparu le trait de génie, c’est la révélation du personnage. L’opportunité s’appelle La Ferme Célébrité, émission de télé réalité du très distingué groupe Endemol. Pour l’occasion, la chanteuse est devenu blonde (elle était brune avant) et niaise (peut-être qu’elle l’était déjà, mais on ne le savait pas). Ses répliques surréalistes ont été nommées par ses camarades bouseux occasionnels du doux nom d’évangélisme. Et la miss est devenue la mascotte de l’émission, au nez et à la barbe (?) de la grande Zoa, j’ai nommé Vincent Mc Doom. La mise en exergue du foutage de gueule, la « langue au cul » de Pascal Olmeta comme gimmick de l’émission, voilà un programme très Endemol, très TF1. Il n’empêche, Eve Angeli en est sortie avec une célébrité grandie, au point de loucher (euh non, Eve Angeli n’est pas Dalida) vers de nouvelles destinées.
Après quelques livres dont un répertoire d’évangélismes, c’est vers le cinéma qu’elle se tourne, pour un rôle absolument contradictoire à son image. En effet, Eve Angeli incarnera Lilith à l’écran. Pour mettre le doigt sur le hiatus, il suffit de regarder qui est Lilith et pourquoi Eve Angeli s’appelle ainsi. Vous l’aurez peut-être deviné, Eve Angeli est un pseudonyme. Eve est le deuxième prénom de notre sétoise, qu’elle a retenu en référence à l’habitante d’Eden. Quant à Angeli, il paraîtrait que c’est le nom de jeune fille de sa mère. Cela dit j’ai lu quelque part qu’elle l’a choisi parce qu’elle trouve que « ça fait penser aux anges, en plus joli ». Bref, elle qui se décrit comme une blonde angélique s’apprête à endosser le rôle d’une femme légendaire, épouse de Lucifer. Lilith qui serait à l’origine du serpent tentateur d’Eve. Lilith désireuse de se venger après savoir été évincée du jardin d’Eden pour cause de non soumission. Une légende passionnante sur la place de la femme dans la religion mais qui semble bien éloignée de la philosophie – excusez le terme – d’Eve (Angeli). Encore que… Le mythe de Lilith tient pour beaucoup à ses appétences sexuelles. Et dernièrement Eve Angeli tenait plus de Lilith que de l’angélique Eve, en faisant filmer sa nuit de noces. Mais la niaiserie reprenant le dessus, elle a tout de même découvert, surprise, une des vidéos sur un plateau télé. On ne se refait pas. Alors si Satan l’habite dans le rôle de Lilith, Eve pourra peut-être (enfin) se sortir du lot par un autre aspect que la naïveté blanche de l’habitante d’Eden.
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