Aujourd’hui, parler de religion sans heurter certaines sensibilités semble tenir de la gageure. Pourtant, Johan Sfar y arrive depuis maintenant cinq tomes de sa série « Le Chat du Rabbin ». Vous l’aurez compris, le point de vue de l’histoire se place du côté du judaïsme, à Alger plus précisément, au travers des yeux d’un chat qui parle (normal, il a mangé un perroquet) et qui pense. Et il pense comme son maître de rabbin, c’est-à-dire avec une certaine sagesse et surtout une conscience des limites de sa perception. Ne pas se réfugier dans les textes, prendre quelques décisions pas forcément évidentes, comme un mariage interreligieux, résumer 613 commandements en un seul (l’amour du prochain)… De quoi regretter que tous les ayatollahs n’aient pas une telle vision des choses ! Le tome 5, « Jérusalem d’Afrique », commence à Alger avec l’arrivée un peu fortuite (et source de remue-ménage) d’un juif russe. Il s’est trompé de destination, cherchant un foyer du judaïsme en Ethiopie. S’engage alors une expédition un peu folle en autochenille Citroën avec le russe, un autre russe un peu fou qui sert d’interprète et de mécène, le rabbin, son chat et le cousin musulman du rabbin. Sur leur chemin ils rencontrent l’amour, de beaux paysages, l’intolérance… et même un reporter belge à houppette ! Cet album mêle humour, amour et philosophie dans un cocktail d’un tact extraordinaire.
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