George Sand est une femme de lettres romantique qui aujourd’hui mérite une grande attention. Toute sa vie, elle fut libre, libre de toutes conventions, libre de vivre comme elle l’entendait, libre d’écrire avec fougue et talent et surtout libre d’aimer, d’aimer la vie, son métier, les hommes et son statut de femme indépendante et passionnée. Une femme d’exception admirée par les femmes, et chose rare, par les hommes de son temps.
Portrait de George Sand par Auguste Charpentier (1835)
De son vrai nom Aurore Dupin, née en 1804, elle perd son père à l’âge de quatre ans et se retrouve à la croisée d’une double éducation, aristocratique et paysanne. Son précepteur lui enseigne le latin et les sciences, tandis que dans la campagne de Nohant, elle s’initie à la vie champêtre. Elle épouse en 1822 le baron Casimir Dudevant, qu’elle quittera 8 ans plus tard et dont elle a d’abord un fils, puis en 1828, malgré leur mésentente, une fille. Avec l’accord de son mari, elle quitte Nohant et revient habiter Paris…
« J’ai un but, une tâche, disons le mot, une passion. Le métier d’écrire en est une violente et presque indestructible. »
[George Sand à Jules Boucoiran, 4 mars 1831, Correspondance, t. I, p.817]
A Paris elle fait la connaissance d’un cercle d’amis masculins : Latouche, Balzac, Monnier, Janin et écrit un roman en collaboration avec Sandeau, « Rose et Blanche », signé J.Sand. En 1831 lorsqu’elle eut conquis son indépendance, George Sand cherche d’abord le bonheur dans l’amour. Elle devient la maîtresse de Jules Sandeau et décide brusquement de changer de vie. Elle adopte le pseudonyme de George Sand. Ses premiers romans « Indiana » (1831), « Valentine » (1832), « Lélia » (1833).contiennent des justifications à ses confidences. Elle revendique pour les femmes le droit à la passion et lance l’anathème aux conventions mondaines, aux préjugés sociaux, aux règles de la morale. Sa sensibilité se relève plus discrètement dans les « lettres d’un voyageur » (1834), où elle fixe pour Musset, ses impression d’Italie. En 1833, elle rompt avec Jules Sandeau et commence à 29 ans une légendaire liaison avec Alfred de Musset. Sa relation houleuse avec de Musset ne prend définitivement fin qu’en mars 1835. « Le Secrétaire intime » (1834) inaugure la série des romans vénitiens, « Léone Léoni » (1834), « Jacques » (1834) où, à l’image de leur auteur, les héros vivent des aventures passionnées.
« Pour moi, ma chère maman, la liberté de penser et d’agir est le premier des biens. »
[George Sand à Mme Dupin, 31 mai 1831, Correspondance, t. I, p. 886]
George Sand est une femme de combat, dans ses œuvres on ressent une envie de revendication mais elle ira plus loin en s’engageant en politique : « Le premier combat politique de George Sand est celui qu’elle a mené pour conquérir son indépendance. Elle a toujours dénoncé la condition de mineures civiles dans laquelle étaient maintenues les femmes mariées, et considérait que s’en affranchir était un préalable à l’exercice de tout droit politique. » En avril 1835, Sand rencontre l’avocat républicain Michel de Bourges, qui l’intéresse aux idées socialistes. Leur liaison orageuse dura jusqu’en 1837 et sa rencontre avec Chopin. A la même époque elle fait paraître « Consuelo » suivi de « la Comtesse de Rudolstadt » (1842-1844) romans qui obtinrent un immense succès. Les romans de la seconde période d’inspiration sociale témoignent de la ferveur nouvelle pour la cause du peuple. Déjà dans « Mauprat » (1837), puis dans « le Compagnon du tour de France » (1840), « Le Meunier d’Angibault » (1845), « le Péché de Monsieur Antoine » (1847), elle défend les humbles, prêche la solidarité, la fusion des classes, le partage des terres, elle prédit l’avènement de la paix universelle. Lors de la Révolution de 1848, elle prend position aux côtés de Ledru-Rollin. Son engagement donne lieu à une suite d’écrits passionnés. Le 3 mars 1848, dans la « Lettre à la classe moyenne », elle invite ses compatriotes à s’unir et à s’aimer « pour trouver la vérité socialiste ».
« Je repris mes sens en entrant dans la cour de Nohant. Ce n’était pas aussi beau, à coup sûr, que le palais de Madrid, mais cela me fit le même effet… »
[George Sand Histoire de ma vie, t. I, p. 585]
A partir de 1845, George décide de revenir aux sources, son enfance, Nohant, la campagne… Ainsi paraissent entre 1846 et 1847: « la Mare au diable » (1846), « François le Champi » (1850), « Les maîtres sonneurs » (1853). Le milieu champêtre est présenté comme une société idéale ayant échappé à la perversion des valeurs. En brossant le tableau d’un monde menacé, George Sand âgée a conquis une sorte de sérénité. Elle n’oublie pas ses passions du passé qu’elle rappelle dans « l’Histoire de ma Vie » (1854) et dans « Elle et Lui » (1859), un récit transposé de ses amours avec Alfred de Musset à la mort de celui-ci. Ses dernières positions iront à l’encontre de l’Eglise.
En plus de cette vie professionnelle et amoureuse foisonnante, il faut saluer l’artiste diversifiée qu’était George Sand : Musique, dessins, peintures, journalisme et même son œuvre littéraire fut certainement l’une des plus variée : contes et nouvelles, pièces de théâtre, articles critiques et politiques, textes autobiographiques, et vingt-six volumes de Correspondance… Femme de tous les combats, d’une rare modernité, on pouvait souvent la croiser à Paris se promenant en costume masculin avec une insolente liberté pour son époque.
Liens utiles :
http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Sand : voir son œuvre
http://www.georgesand.culture.fr/ site complet
A lire :
Joseph Barry, « George Sand ou le scandale de la liberté » (1982), Paris, Seuil Collection Points essais, 2004. (coup de cœur)
« Cette biographie de Joseph Barry, écrivain et journaliste américain établi en France depuis 1945, est considérée comme la biographie de référence par les sandiens. Cette biographie s’applique à montrer comment Aurore Dupin est devenue George Sand et analyse les rapports ambigus qu’elle a eu avec son siècle. Lecture indispensable pour tous les passionnés. »
Georges Sand, « Histoire de ma vie «
« La jeune Aurore en janvier 1831 quitte Nohant pour Paris, pour devenir George, écrivain. Toute sa vie de romancière sera marquée par ces doux lieux : Paris la tempête et Nohant le calme. Son ambition ici est d’offrir le récit d’une existence de femme et d’écrivain qui côtoie rapidement Balzac et Sainte-Beuve, l’abbé de Lamennais et le socialiste Pierre Leroux, et bien sûr Musset et Chopin »
A voir :
Impromptu
1991 – G.-B./France – Biographie/Romance/Musical – 1h47
Réalisation : James Lapine
Avec : Judy Davis (George Sand/Aurora), Hugh Grant (Frederic Chopin), Mandy Patinkin (Alfred De Musset), Bernadette Peters (Marie D’Agoult), Julian Sands (Franz Liszt)
« Sulfureuse et scandaleuse, l’écrivain George Sand (Judy Davis) provoque continuellement l’aristocratie parisienne par ses accoutrements masculins et ses nombreuses conquêtes amoureuses ! Ses certitudes sur l’amour et la passion s’effondrent lorsqu’elle entend la musique enivrante d’un certain Frederic Chopin (Hugh Grant). Dès lors, Sand va tout faire – allant jusqu’à redevenir une ‘vraie’ femme – pour capturer le coeur de ce musicien timide ! Faisant de leur chanson d’amour, une des plus grandes symphonies inachevées de l’histoire. »
Les Enfants du Siècle
1999 – France – Drame – 2h13
Réalisation : Diane Kurys
Avec : Juliette Binoche, Benoît Magimel, Stefano Dionisi, Robin Renucci, Karin Viard, Isabelle Carré, Denis Podalydès, Patrick Chesnais, Arnaud Giovaninetti, Marie-France Mignal, Victoire Thivisol, Michel Robin, Pascal Ternisien, Olivier Foubert
« 1832, George Sand vient de publier « Indiana », livre scandaleux ou elle évoque sa vie de femme. Musset, lui, avait écrit « Namouna » dans une langue qui déconcertait et ravissait les femmes. Il avait vingt-deux ans. Elle avait six ans de plus… »
1 Comment
Eric Buffetaud
9 janvier 2012 at 12:24C’est la première fois que je vois cette photographie de G. Sand par Henry Guttman. Je pense qu’il s’agit d’un daguerréotype, mais je serai curieux d’en connaître la provenance ? Êtes-vous certaine que c’est bien un portrait de G. Sand qui a l’air ici, d’avoir autour de trente- cinq ans ?
Écrivant sur Gérard de Nerval et sur G. Sand, une réponse de votre part permettra sûrement de faire disparaître mes quelques doutes, car cette photographie est vraiment très intéressante, mais à cette âge,je n’en connais pas d’autre. En tous cas, ce portrait montre une grande similitude quant au visage avec celui que le peintre et ami de G S Auguste Charpentier,réalisa vers cette époque.
Avec mes remerciements,pour tout ce que vous pourrez m’apprendre à son sujet, je vous prie de croire en l’expression de mes sentiments distingués.
Eric Buffetaud