« Si vous ne pouvez vous résoudre à abandonner le passé, alors vous devez le recréer »
C’est ainsi que l’on peut décrire le travail et l’œuvre singulière, presque inclassable, de Louise Bourgeois. Elle recrée chaque moment de sa vie, ses doutes, ses peurs, ses joie…, en travaillant avec ses souvenirs de femme, de mère, d’artiste ou d’enfant : « Tous mes sujets trouvent leur source dans mon enfance. Mon enfance n’a jamais perdu sa magie, elle n’a jamais perdu son mystère ni son drame. » L’artiste américaine d’origine française est aujourd’hui âgé de 96 ans et à dû attendre longtemps avant d’être reconnu mondialement. C’est à l’occasion d’une rétrospective que lui consacra le MOMA en 1982, la première dédiée à une femme, que son travail fut reconnu puis consacré en 1999 lors de la Biennale de Venise où elle reçut un Lion d’or.
L’exposition en elle-même commence dès l’entrée du Centre Pompidou avec la rencontre surprise avec une araignée géante, motif récurrent de son travail. L’araignée symbolise la protection, la mère.
On peut ainsi suivre un parcours chronologique de deux cents œuvres permet ensuite de découvrir près de 70 ans de création à travers différents thèmes récurrents comme l’enfance, la maternité, les rapports au corps, la sexualité, la dualité homme/femme, la famille ou la quête de l’identité. La diversité de son œuvre est saisissante : peinture sculpture, dessin… et l’utilisation des matériaux également : bois, plâtre, bronze, marbre.
La muséographie épurée met en avant les œuvres parfois dans une atmosphère sombre ou au contraire très éclairée. Ce qui peut surprendre les visiteurs est cette bipartition des œuvres sur deux étages avec au premier ses dernières œuvres et au second un cheminement dans le passé artistique de Louise bourgeois.
Le parcours de l’exposition permet au visiteur de découvrir plusieurs thèmes comme « Femme-Maisons »(salle1) qui regroupe ses premières œuvres des années 1940 associant corps et architecture, organique et géométrique.
La deuxième et troisième salle intitulées « Personnages » regroupe des œuvres des années 50, années où Louise Bourgeois a le mal du pays en France et commence à sculpter des personnages sous forme de totem pour l’accompagner dans sa solitude. Des personnages tantôt abstraits tantôt figuratifs en bois.
La salle 4 vous emmène en des lieux « Refuges », des « Tanières » ou encore de « Nids » car au début des années 60 elle abandonne le bois pour le latex et le plâtre. Ces premières œuvres ont l’apparence de nids ou de tanières qui symbolisent le refuge de la maison originelle. Les sculptures de cette époque sont considérées comme les plus « violentes et dérangeantes ».
Dans cette même salle vous retrouverez également le thème des « Paysages « et autres « Objets Partiels », cette seconde série d’œuvres est constituée de paysages, des sortes de cumulus fais de bosses et de creux en différents matériaux tel le caoutchouc. La série « Objets partiels » est une série d’œuvres érotiques très suggestives.
Les salles 5 et 6 regroupent « Les Lieux de Mémoire », des sculptures des années 1980 reprennent les premiers sujets évoqués tels « La Femme maison » ou la « Tanière à travers le corps ». Cette période annonce celle des immenses « Cells » des années 1990, des cellules, métaphore de la maison qui reste le thème centrale de toute son œuvre. Louise théâtralise sa mémoire et la met en scène à travers ses « Red Rooms » qui rappellent la chambre de ses parents.
Enfin, dans les dernières salles c’est le thème des « Vêtements et Tissus » qui prédomine, encore une fois c’est un retour à l’enfance et au métier de sa mère couturière. Dans les années 2000 celle-ci se consacre au dessin et à la gravure qui ont pour thème le corps maternel et le nourrisson. Ainsi, on peut suivre une évolution majeure de l’artiste mais également les thèmes récurrents de la famille, des relation familiales, amoureuses et sexuelles et revivre avec elle un passé qu’elle s’amuse à recréer de toute pièce.
Ainsi, c’est à un voyage au cœur de l’intimité d’une artiste auquel nous invite Louise Bourgeois, un voyage et un cheminement intérieur qui ne laisse pas de marbre. Seul petit bémol, c’est une exposition d’accès difficile sans quelques références d’art contemporain, alors armez vous de patience, d’imagination et du catalogue de l’exposition qui permet une meilleure compréhension de l’œuvre de Louise Bourgeois.
http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/…
5 mars-2 juin 2008
Centre Pompidou
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