« Quoi ? Ah oui, c’est vrai, attends je note », « j’écris », « je liste ! ». Cette petite habitude, ou parfois même cette manie, est venue, elle aussi, s’immiscer sans crier gare dans notre quotidien. A première vue pourtant, nous ne nous sentons pas concernées, ou plutôt, nos aïeux nous le font ressentir ainsi : « oui ma petite, maintenant je note tout, sinon j’oublie. Toi tu es jeune, pas besoin de tout ça ! ».
Pas besoin ? Tu parles Charles ! Nous notons tout ! Ou nous trouvons toujours le moyen de tout noter… Mais d’où vient donc cette pulsion profonde qui nous incite, à l’insu de notre plein gré, à ôter la vie de tant de « post it », blocs notes, coins de feuille et même de peau (moins élégant mais parfois solution ultime !) ? Cela est peut-être dû à la diversité des rôles que les femmes modernes sont désormais portées à assumer : professionnelle, maman, épouse, amie… Des rôles qui vont de soi mais qui ne sont pas pour autant de tout repos…
En effet, remettons les choses dans leur contexte, les listes sont notre quotidien : liste de courses, de mariage, d’anniversaire, de Noël. Elles nous hantent donc dès le plus jeune âge, et même avant si l’on considère les listes de prénoms confectionnées par nos chers parents dès avant notre découverte du cruel monde extérieur. Lorsque l’on est un peu plus grande, c’est liste d’anniversaire et de Noël : le problème, c’est qu’on ne sait pas encore écrire… Gros problème donc, papa et maman nous aident volontiers et vont quelque peu conditionner nos choix en matière de cadeaux et de petits copains à joindre au fameux goûter (à la « boum » plus tard). S’en suivent les listes généreusement laissées par les amies afin d’alimenter quelques soirées bien arrosées dont elles n’ont le temps de s’occuper.
Mais bien vite, les choses sérieuses commencent… Appart’, copain, fac’… Mais pas question de faire comme votre chère maman avec ses listes de tout ! « Noooooooon, maman, moi je me débrouille, tout dans la tête ! ». Là encore, l’illusion va s’évanouir, aussi vite que votre sens de la répartie naturel vous avait fait rétorquer à votre mère que nous n’aviez pas besoin de ses conseils. Dépassée par les cours, activités diverses et sorties, vous commencez, irrémédiablement, à griffonner une suite de « beurre, céréales, aller à la poste, jambon, salade, liquide vaisselle, appeler mamie » et autres indispensables quotidiens ou hebdomadaires, qui vont constituer… une/des liste(s) ! Et comme si cela ne suffisait pas, vous vous attaquez aux « post it », parce que malgré vous (surtout parce que cela vous ennuie de devoir donner raison à votre maman), force est de constater que ça marche ! Vous pensez à plus de choses, ou tout du moins, vous en oubliez moins. Et c’est… communicatif !
En effet, une autre utilité relativement attractive vous vient rapidement à l’esprit : laisser des mots partout pour aider votre cher et tendre à se souvenir qu’il faut faire le lit en se levant (ou avant la fin de la journée quoi), qu’il faut faire la vaisselle une fois mangé, qu’il faut qu’il se douche, etc. Finalement satisfaite de cette utilité inespérée, vous jubilez ! Mais ne vous réjouissez pas trop vite : « _ Ah ? T’as pas fait les courses ? _ Bah non, c’était pas marqué sur la liste ! », dit-il d’un air tout fier et narquois. Comme quoi tout a une limite… Enfin, passons, imaginez que cela soit le bon : vous en arrivez jusqu’à la liste de mariage. Là encore, accrochez-vous ! Entre l’agrafeuse (il en faut pour tous les porte-monnaie) et la pelle à tarte de la traditionnelle ménagère, bien des réjouissances en perspectives !
En définitive, bien plus que de simples pense-bêtes, les listes correspondent à des repères et ne forment rien de moins que le guide de notre vie…
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