Migrons à l’autre bout du monde pour découvrir le plus célèbre des stylistes japonais : le très charismatique Issey Miyake. Entre haute-couture et parfums, il s’est imposé en travaillant auprès des plus grands, allant d’Hubert de Givenchy à Guy Laroche. Entre costumes traditionnels et techniques japonaises, ainsi qu’influences parisiennes et New Yorkaises, le style Miyake est unique. Il est le premier Japonais à s’imposer dans le dur métier de designer de mode, bien avant Yohji Yamamoto et Comme des Garçons. Alors suivez-moi sur cette route exotique qu’est le parcours zen d’Issey Miyake.
Du Soleil Levant aux Vieux et Nouveau Continents
Le jeune Issey, né à Hiroshima, s’exile à Tokyo pour suivre des études de graphisme. C’est alors qu’en 1964, le tout jeune diplômé décide de s’envoler vers Paris. آgé seulement de 26 ans, il travaille avec des stylistes de renom : Hubert de Givenchy et Guy Laroche. Il s’imprègne de l’art parisien et de ses techniques : l’élégance, la coupe et la structure. Non pas que les Japonais ne soient pas élégants, bien au contraire. Loin de la mode Hello Kitty et Pucca, le kimono fait partie des vêtements les plus chics et élégants que les femmes puissent porter. Les couleurs, la coupe ample mais ajustée, les motifs, ont l’art de mettre en valeur le physique de la femme et son allure. Issey Miyake l’a compris, et s’en inspire.
Avant de retourner à Tokyo, notre jeune styliste, toujours accompagné de sa soif d’apprendre, décide de faire un détour par les Etats-Unis. Son escale à New York lui permet de suivre le travail du styliste ex-étudiant en médecine Geoffrey Beene. Il s’inspirera de ce styliste confirmé pour les formes subtiles de ses créations.
Mais ses nombreuses influences ne font pas de ses créations de pâles copies des œuvres des créateurs confirmés. Issey Miyake, originalité oblige, mélange le style japonais et le style occidental pour un résultat qui plaît. Ses influences du pays du Soleil Levant ? La teinture et les textures des tissus japonais traditionnels et la réutilisation de certaines notions de l’habillement japonais comme la taille universelle.
Après sa petite mais productive et enrichissante escapade dans le monde occidentale, Issey, alors âgé 31 ans, marque son retour au Japon, par la création de sa propre entreprise : « Miyake Design Studio ».
Plis, pans et podiums
Ça on peut le dire, il a l’art et la manière. Il ne creuse pas longtemps avant de faire son trou le petit Issey. Sa bonhommie, son sourire et ses yeux rieurs le rendent agréable, et ses œuvres nous prouvent toute sa crédibilité et son professionnalisme.
Son désir ? Il veut créer une mode pratique et universelle. Voyons un peu son fameux défilé de 1976, défilé durant lequel seul des mannequins noirs ont présenté sa collection, puis un peu plus tard, ce fut le tour des octogénaires. Voyons ici une jolie similitude avec Jean-Paul Gaultier plusieurs années plus tard.
Bien au-delà des professionnels de la mode, ses créations sont acclamées immédiatement après ses débuts, c’est alors qu’il entame une collaboration avec le photographe habitué des couvertures de Vogue magazine, Irving Penn. Son travail, considéré comme impressionnant, traduit parfaitement la vision qu’a et que veut donner Issey Miyake.
Lancé, notre cher Issey, crée une collection qui continue à perdurer : « Pleats Please ». Qu’a-t-elle d’exceptionnel ? Il s’agit d’une ligne de vêtements entièrement plissés, dont les coupes sont simplifiées et directement taillées dans le polyester. Cette collection a l’honneur de bénéficier de ses propres boutiques portant le même nom que la collection « Pleats Please », c’est dire le succès qu’a cette ligne originale, simple et de qualité typiquement Miyake.
Puis, il lança A-POC. A-POC est la collection qu’Issey Miyake dirige personnellement. En effet, sa ligne éponyme est habilement maîtrisée par Naoki Takizawa. Mais revenons à A-POC. Issey, passionné y consacre tout son temps. Mais qu’est-ce que c’est ? A-POC est « A Piece Of Clothes ». Et pourquoi un tel nom ? Une machine à tricoter a l’art de créer, lorsqu’on y insère un fil, un tube de tissus en 3D orné de lignes de démarcation en sort. Ainsi, une fois coupées, il est possible de renouveler notre garde-robe dans son entier, qu’il s’agisse d’un paletot ou d’une paire de chaussettes. Et c’est ainsi qu’en 1998, Issey, 60 ans, présente pour la première fois A-POC sur les podiums parisiens. Mais tendez l’oreille je vais vous dire quelque chose, attention, le secret reste entier, car personne ne sait exactement comment fonctionne cette douce machine, la technique est entièrement cachée des regards indiscrets au sein de l’atelier Miyake.
Revenons à notre jeune Naoki, digne successeur d’Issey Miyake, et talentueux designer de la marque. Naoki Takizawa, travaillait avec Issey Miyake depuis 11 ans quand il fut promu directeur artistique de la collection éponyme. Issey dit alors : « Naoki Takizawa avait beaucoup œuvré à mes côtés. Je lui ai offert le poste de directeur artistique des collections Issey Miyake, pour qu’il soit heureux dans cette maison ». Evidence est de dire qu’il est attentionné, la vérité est qu’Issey a beaucoup apprécié l’aide et l’apprentissage que d’autres grands couturiers lui ont offerts. Ils l’ont épaulé. Et Issey Miyake, notre gentil styliste talentueux du pays du Soleil Levant voulut faire pareil. Pour lui, « un jeune diplômé est comme une pousse de bambou. Si vous le nourrissez de pistes, d’idées, il se lance à fond dans des recherches, essaie, se trompe, recommence… Il se fortifie. Et, un jour, il ne lui manque plus qu’un coup de pouce pour voler de ses propres ailes ».
Récemment, avec l’architecte Tadao Ando il a créé un lieu exclusivement consacré au design qui manquait à Tokyo. La ville est célèbre pour l’excentricité de ses tenues souvent inspirées du manga, mais il lui manquait un lieu pour officialiser son trait de caractère et Issey et Tadao l’ont ainsi créé.
Le jus frais d’Issey
Comme nombreux de stylistes, Issey Miyake a créé ses parfums. Fidèle à l’image zen et pure que nous pouvons avoir du Japon, Issey voulut créer le premier parfum qui n’a pas l’odeur d’un parfum, mais de l’eau. Pastèque, fleur, eau, melon, chèvrefeuille sont des traits frappants de ce doux premier jus de notre célèbre designer japonais. L’eau d’Issey n’est pas un parfum discret comme on pourrait le croire, mais il est largement adopté par les jeunes filles sages. Plus il créa L’eau d’Issey pour homme, puis Le Feu d’Issey ou le Feu Light pour femmes.
Qui est Issey Miyake ?
Issey est reconnu depuis 40 ans, et pourtant, il n’est pas aussi connu que Jean-Paul Gaultier ou Christian Dior. Pourquoi ?
Issey Miyake est un homme discret, qui ne veut pas être emporté par la spirale des collections dues pour les prochaines saisons, par ce devoir de nouveauté et d’originalité perpétuelle. Il aime s’amuser dans son travail, et le faire comme il sent et à son rythme. Issey Miyake est un homme modeste reconnu pour son talent. Il a dit : « Mon travail est une réflexion au long cours sur la manière dont les gens s’habillent, c’est une recherche de techniques et de matières pour concevoir de nouveaux vêtements ». Aujourd’hui, il fait « plein de choses, mais dans la joie ! Je dirige toujours ma société, supervise les licences de parfums et me consacre aux lignes Pleats Please et a-poc. En fait, je n’ai jamais voulu m’arrêter. Je voulais juste retourner dans l’ombre et redevenir l’égal de mes collaborateurs ».
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