Un jour, devant votre télé, la lassitude s’est emparée de vous alors que vous ingurgitiez une flopée d’informations sur le lancer de fromages dans le Cantal et sur la défense des bonnets ridicules. Alors, armée de la télécommande, vous avez zappé et opté pour la série au nom insensé.
Plus belle la vie, c’est trop compliqué…
Si vous en avez marre des soirées plan-plan devant le bol de Liebig légumes du soleil hivernal, allumez votre télé à 20h20 et remerciez le service public. Et non, la clé de vos soucis n’est pas Pujadas.
Dans le quartier imaginaire de Marseille, le Mistral, le grand jeu, c’est de multiplier les intrigues sordides et les secrets publics. Exit alors les relations quotidiennes et impersonnelles avec la boulangère, tout le monde se connaît. Et cette incroyable sociabilité n’a pas l’air d’être malmenée par la prolifération de nouveaux personnages. En effet, Plus Belle La Vie offre une multiplicité d’acteurs au gré des histoires toutes plus saugrenues et rocambolesques les unes que les autres. Des meurtres, des adultères répétés, des manipulations effrénées et des vêtements égarés, c’est ce genre d’histoire qui pimente et rythme péniblement la vie paisible du quartier. Les habitants, tous concernés se suspectent et se scrutent jusqu’à jouer des névroses de leur voisin afin de découvrir qui fait chanter qui… Les intuitions sont alors confirmées 11 épisodes plus tard, de quoi vous faire languir devant votre potage. L’histoire ayant progressé difficilement, elle se voit affublée d’un dénouement douteux et incroyablement tiré par les cheveux. Et encore, ceci est valable quand il y a un aboutissement -même incertain. Parce que souvent, les histoires ne se terminent pas et se laissent noyer dans un élan de nouveauté scénaristique dont on voit laborieusement la finalité… de la même façon que l’intrigue précédente.
… Mais aussi beaucoup trop simple
Le flic bourru qui cache sous son cœur en acier, une sensibilité en Spontex de nouveau-né, la doyenne fatiguée mais supra-jeune dans sa tête, la musulmane trop pieuse pour aimer la vie à l’occidentale, la serveuse un peu niaise qui se transforme en jeune femme épanouie… Plus Belle La Vie est un ramassis de stéréotypes déjà vus dans des frasques psycho-télévisuelles à la Delarue. On a alors entendu parler de second degré. Donc on a cherché. Et heureusement ! Il n’y a guère que cette quête qui peut se vanter d’un quelconque intérêt. On peut aussi écouter les formidables leçons de vie offertes par les scénaristes aux tendances manichéennes. Aimer son prochain, boire son café sans sucre, ne pas se plaindre car il y a du monde chez l’épicier du coin… La série est à elle seule l’Evangile de la vie quotidienne. Vive le politiquement correct.
Et le jeu des acteurs n’est pas là pour sauver l’intrigue instable. Rôle surjoué, répartie recherchée et larmes de reptile névrotique, on peut oublier toute plausibilité… La crédibilité partage la même vacuité que celle d’Hélène et les garçons, les protagonistes profitant d’autant d’expression qu’un catalogue Playmobil.
Et les femmes ne sont pas en reste. Avec toutes les histoires qui leur sont attribuées, elles passent pour des hystériques en mal de vie domestique. Trompées ou trompeuses, elles ne vivent qu’à travers de leurs maris absents, malveillants ou morts. Ce qui ne laisse aucune place à un tant soit peu d’égalité entre les genres.
Alors Plus Belle La Vie, on oublie ! Rien que le titre inepte et niais laisse présager du vide de ce soap dramatique. La seule chose à faire est d’espérer que les bouts de cartons qui font office de décor se fatiguent à la même vitesse que l’intrigue afin qu’on n’ait pas à fêter un nouvel anniversaire de cette erreur hertzienne… Parce qu’on a bel et bien atteint 1000 épisodes depuis 2004. Dur.
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