Si vous connaissez le manga « Nana », de Ai Yasawa, vous n’avez pas pu passer à côté de Vivienne Westwood, dont l’héroïne, fan des Sex Pistols, est une inconditionnelle, portant ses vestes, bagues, pendentifs et autres chaussures. En cherchant un peu sur créatrice, on comprend un peu mieux le culte voué par Nana, avec notamment son lien étroit avec le mouvement punk, le sado-masochisme, le costume historique et sa position avant-gardiste. Ainsi, il existe un deuxième « enfant terrible de la mode », au même rang que Jean-Paul Gaultier, que Save My Brain vous propose de découvrir maintenant.
Elle a fait parler d’elle, Vivienne, et a été gratifiée à maintes reprises. Revenons sur la décadence qui entoure le parcours de cette grande créatrice, qui, faisant rager les apprentis stylistes, n’a, elle, jamais été formée. Que tous ceux qui sont jaloux de son talent d’autodidacte lèvent la main !
Incroyable mais vrai, Vivienne Westwood est considérée comme un symbole de l’Angleterre, au même titre que la reine. Ne vous frottez pas les yeux, vous avez bien lu. Elle a quand même été classée parmi les six créateurs les plus influents par le « Women’s Wear Daily », une référence en matière de mode, magazine créé par Edmund Fairchild et qui a régulièrement été qualifié de « Bible of Fashion ». Et plus encore, elle a été nommée en 1980 et 1981 styliste anglaise de l’année, aux célèbres British Fashion Awards, la cérémonie annuelle durant laquelle sont récompensés les stylistes ayant le mieux contribué à l’avancée de la mode anglaise durant l’année. Entre autres gratifications, elle a été décorée officier de l’Empire britannique (si si je vous assure), décoration donnée durant la Première Guerre Mondiale aux civils non-combattants qui ont contribué à l’effort de guerre. Entendons-nous bien, Vivienne n’a pas vécu durant la première guerre mondiale, elle est née en 1941. Ce ne fut qu’une décoration symbolique, car elle contribue à la richesse du Royaume-Uni. Mais, provocante, elle se présenta en ce jour solennel sans culotte devant la Reine ; un courant d’air souleva sa robe lorsqu’elle sortit de Buckingham Palace, laissant le champ libre aux photographes de la prendre au naturel.
Vivienne Westwood débute sa carrière en 1970 en ouvrant avec son partenaire et futur mari Malcolm McLaren, la boutique « Let it rock » sur King’s Road (Londres). C’est dans cette boutique très vite rebaptisée « Too Fast to Live, Too Young to Die », que les Sex Pistols managés par Malcolm Mc Laren , trouveront leur chanteur, jeune mec déjanté et charismatique aux dents gâtées, Johnny Rotten. La boutique deviendra alors le point de rencontre des acteurs du mouvement punk.
Le mouvement punk, plus qu’une musique est aussi tout un style, une image, un réel art, et c’est à Vivienne Westwood qu’on en attribue l’origine. Les rumeurs laissent entendre que la créatrice et son partenaire avaient besoin d’un groupe pour promouvoir leur marque ; les Sex Pistols en furent l’égérie. Oui, le punk, c’est une image que Vivienne Westwood a pris le soin de bien véhiculer.
C’est ainsi que le style punk s’illustre de taffetas, de velours, de tweed, de motifs écossais et de toutes les matières nobles si bien représentées par le Royaume Uni, matières associées par la créatrice à des fermetures éclair, des cotons déchirés, des chaînes, des slogans punks et des images pornographiques. Elle laisse ainsi la place à l’élégance anglaise détournée, dévoilant un nouvel aspect de la mode, où les costumes historiques sont intelligemment et adroitement dérivés de leur chemin, pour venir illustrer l’image du mouvement punk, déjanté, avant-gardiste et charismatique.
Depuis qu’elle a ouvert sa boutique, Vivienne Westwood n’a de cesse de changer l’enseigne. Enseigne évoluant en même temps que le contenu et l’image que la créatrice veut donner à son travail. Elle commence avec « Let it Rock » soulignant le lien entre son travail et la musique rock des années 50, présentant à la vente des blousons de cuir et des disques de rock.
Pour continuer avec « Too fast to live, too young to die » en 1973, nom plus provocateur, à l’impact inévitable, sous-entendant des vêtements tout autant choquants. Pneus, os de poulets, paillettes et chaînes ornent désormais la collection, toujours inspirée des années 1950. C’est un jeune garçon embauché par la créatrice qui customisera les tee-shirts pailletés et qui peindra l’enseigne au slogan évocateur, en la mémoire de James Dean, décédé dans un accident de voiture à l’âge de 24 ans : « Too fast to live, too youg to die ». Le design de la boutique est plus sombre et attire une nouvelle clientèle plus rock.
En 1974, ils décident de changer à nouveau l’image de la boutique. Dans cette dernière, les réparations commencent, Malcolm McLaren veut choquer et provoquer : le fétichisme et le sado-masochisme s’installent alors au 430 King’s Road. Les vêtements sont en latex et en cuir. La boutique est décorée avec des objets aux semblants d’utérus. La nouvelle boutique s’appelle « Sex » et la vendeuse tout autant déjantée prend place sous le pseudonyme de Jordan. Tabous, sexe et charnel envahissent le magasin. Et Vivienne Westwood élargit sa collection de tee-shirts. Des images pornographiques ornent les poitrines et les bustes dans des couleurs criardes. Il n’y a plus de tabous et le sexe fait partie intégrante de l’œuvre « Westwoodienne ». Certaines images tellement provocantes sont interdites, telles que les deux cow boys face à face, leur sexe se frôlant, ou la cagoule du violeur de Cambridge.
1975, c’est l’entrée sur scène des Sex Pistols et plus ils sont connus et reconnus, plus la boutique s’envole dans la fumée du succès. C’est alors que le style de Vivienne Westwood s’affirme, les slogans des événements de 1968 s’inscrivent sur les tee-shirts : « seuls les anarchistes sont beaux », « prenez vos désirs pour des réalités », « à bas le coca-cola ». La célèbre chemise rayée rouge et noire devient un classique « Westwoodien ». La croix gammée devient aussi un symbole de la marque, des brassards sont ajoutés à la collection dévoilant l’inscription « chaos ». Et surtout le fameux « costume bondage » débarque, avec son pantalon de coton noir satiné, « des fermetures éclair à l’arrière des genoux, de l’entrejambe, sous la cuisse, des sangles pour entraver les jambes et des rabats sur les fesses ».
Et ce n’est toujours pas fini, les noms continuent d’évoluer, et en 1977, la boutique prend le nom de « Seditionniaries », des tee-shirts avec la tête de la reine sont imprimés, ajoutés à des croix gammées et au mot très évocateur, « destroy ». Et enfin, de nouvelles boutiques fleurissent ci et là au Royaume-Uni. Ce n’est qu’en 1980 que le magasin prend son nom définitif : « World’end », et c’est ainsi que la tête de mort symbolisera la boutique.
C’est à partir de cette période, que Vivienne Westwood, séparée de son compagnon dans la vie comme dans le travail, Malcolm McLaren, organise son premier défilé intitulé « Pirate ». Ses collections montrent enfin sur les podiums tout le travail que Vivienne Westwood réalisa durant les 10 premières années de sa carrière. Corsets pailletés font face à des tailleurs de tweed destructurés, aux tee-shirts sombres et aux chaussures invraisemblables. C’est d’ailleurs, une paire d’escarpins bleus lacés compensés qui firent chuter le mannequin Naomi Campbell ainsi hissée sur 30 cm de hauteur.
Vivienne Westwood, c’est donc une petite femme aux cheveux tout feu tout flamme, sans limite à la provocation. Elle a admis, à propos de ses collections des années 1970 : « difficile de refaire une collection qui chamboule autant. Je dirais qu’aujourd’hui chaque pierre a été retournée ». Vivienne Westwwod, a révolutionné le monde de la mode en Angleterre, alors que le mouvement hippie était en vogue : « Lorsque je marchais dans la rue, les voitures pilaient pour me regarder, c’est vrai qu’à cette époque tout le monde s’habillait en hippie ».
Alors, qui de mieux que Vivienne Westwood pouvait faire suite au premier article de Save My Brain sur Jean-Paul Gaultier ? Elle, aussi qualifiée d' »enfant terrible de la mode », parait tellement plus incendiaire et provocante que les autres créateurs. Elle est sans-gêne et impressionnante et c’est ce qui fait sa renommée !
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