Yuri Orlov a eu cette révélation lors d’un règlement de compte dans son quartier : les hommes comptent parmi leur besoins élémentaires celui de tuer, et c’est donc dans le but de faire fortune qu’il devient marchand d’armes. Car si 550 millions d’armes à feu circulent actuellement dans le monde, et qu’un homme sur 12 est armé, la seule question qu’il se pose est « comment armer les 11 autres ? ». Malgré l’irresponsabilité du personnage qui met ses scrupules de côté, le film vise bien à critiquer les incohérences mais surtout l’horreur du trafic d’armes.
La seconde scène du film donne le ton, on suit le parcours d’une munition d’arme, qui passe d’une usine, à une caisse, à un bateau, à une voiture, jusqu’à un fusil, pour finir par se loger dans la tête d’un enfant. « Lord of War » est une alternance permanente entre la naïveté de ce trafiquant d’armes atypique et des scènes de violence terre à terre. Et c’est bien là dessus, que la réussite du film tient, car le message passe mieux, lorsque le spectateur aperçoit l’absurdité, comme dans une scène où Orlov fait passer sa cargaison d’armes pour une vente de parapluies pour le Sahel, mise en relief par des faits réels aberrants (les 5 plus grands trafiquants d’armes du monde sont aussi membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU). Du sourire à la crispation, cet excellent film est à voir absolument.
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