« Liberté, égalité, beauté », tel est le nouveau slogan d’Yves Rocher, célèbre enseigne qui occupe le premier rang mondial de la cosmétique végétale. Ce triptyque publicitaire pratiquement passé inaperçu relève pourtant d’une part d’un changement radical dans l’image de ladite enseigne, et d’autre part, d’une insulte à l’histoire des démocraties représentatives et à celle de pays qui n’ont aucun de ces droits inscrits dans leur Constitution.
La beauté, chose totalement abstraite et subjective n’avait jamais été utilisée de la sorte à des fins commerciales. Car Mesdames, si le cœur vous en dit, c’est dans la rue que vous pourrez, dans un élan incontrôlable de citoyenneté, « manifester » pour réclamer que votre droit soit appliqué. A cette fin et moyennant finance (toujours), Yves Rocher vous équipe :
http://www.yves-rocher.com/fr/manifeste/manifestez.html !
Il est vrai que l’évolution des mœurs, des lois, des technologies, a contribué en France, comme dans d’autres pays, dans la deuxième moitié du XX° siècle, à la « libération » du sexe faible. Prendre du temps pour vous alors que vous tenez le triple rôle de professionnelle, d’épouse et de maman est devenu la chose la plus naturelle et légitime du monde pour celles qui parviennent, bien entendu, à coordonner et à faire le grand écart entre toutes ces « activités » à temps complet. Cependant, même si aujourd’hui en France, rien n’est moins sûr que les droits fondamentaux des individus soient intégralement respectés, nous sommes tout de même relativement épargnés par rapport à d’autres pays dans lequel ne serait-ce que prononcer les mots de « liberté, changement, égalité, …» ou émettre une opinion contraire à celle du régime ne place ne serait pas pardonné. A l’évidence, et même si Yves Rocher explique sa démarche dans « un manifeste » (visible ICI ) qui n’est finalement pas si éloigné de sa ligne publicitaire habituelle, ce slogan est un raccourci dont la portée dépasse ses créateurs.
En somme, cela ne date pas d’hier, j’en conviens, mais il faut rappeler à l’occasion de ce « coup de pub » inacceptable que non, la « beauté » n’est pas un droit fondamental, encore moins au même titre que la liberté, l’égalité ou encore la fraternité. Galvauder ainsi un triptyque lié à notre histoire et qui a inspiré nombre de Constitutions dans le monde est donc, même dans un usage purement marketing, tout simplement inadmissible.
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