Née de parents Français, Constance Amiot a grandi en Afrique puis aux Etats-Unis. A 22 ans, elle décide de s’installer en France et c’est ici que démarre vraiment sa carrière. Après un album autoproduit, « Whisperwood » en 2003, Constance a sorti le 23 avril dernier « Fairytale », un opus de douze chansons à son image, sensibles, légères et sans superficialité. Une artiste au naturel qui nous emmène dans son conte de fée.
© JB Mondino
Partie 1 : Constance Amiot, le parcours
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Française et américaine, quel regard portes-tu sur ta double culture ? C’est important pour toi de chanter dans les deux langues ?
C’est une chance d’appartenir à une double culture, ça ouvre beaucoup, on apprend souvent à adapter ou changer son point de vue par exemple. J’ai aujourd’hui l’impression d’avoir deux pays que j’emporte partout avec moi, même s’il y a des jours où je ne sais plus trop où sont mes racines !
Mes compositions sont sculptées par ces deux environnements, chanter dans les deux langues est tout simplement naturel, n’en choisir qu’une me donnerai l’impression d’enlever une partie de mon identité. Et c’est ce qu’il y a de beau et ce que j’aime en musique : la sensation de vivre dans une sorte de village monde où toutes les langues se croisent, sans frontières… une sorte de troisième pays finalement !
Qu’est-ce qui t’a poussée vers la musique ?
J’ai commencé la musique à travers l’apprentissage du piano à l’age de six ans, elle ne m’a jamais quittée depuis. Par contre c’était surtout un hobby, j’ai mis du temps avant d’en faire un métier. Enfant je participais à des récitals où je jouait des pièces de classique où de jazz, plus tard j’étais pianiste dans un groupe de rock (on faisait essentiellement des reprises), à l’age de 16 ans j’ai découvert la guitare, j’ai également commencé à écrire des chansons que j’allais ensuite jouer dans les cafés-concerts et campus de Washington DC et dans l’Etat du Maryland. Arrivée en France je ne connaissais aucun musicien, j’allais faire des petits concerts après les cours avec une formation que j’avais appelée « Red Sings Blue ». Quelques rencontres et années plus tard, j’ai enregistré « Whisperwood ». Aujourd’hui j’ai un disque qui s’appelle Fairytale, une sorte de conte de fées finalement !
Quelles sont tes influences ?
Il y a tant d’artistes ! C’est un ensemble d’influences et d’inspirations diverses, souvent indirectes, mais qui font partie intégrante de mon imaginaire et de mon quotidien… J’ai grandi dans un melting pot de musiques, j’écoutais de tout, allant du hip hop au jazz en passant par le blues et le rock. C’est la guitare qui m’a dirigée vers un répertoire plus folk, des artistes comme Joan Baez, Bob Dylan, Tracey Chapman.
De quels instruments joues-tu ?
Mes deux instruments principaux sont la guitare et le piano. Je découvre la mandoline depuis peu (elle sonne plutôt comme une casserole pour le moment ! ).
Pourquoi avoir choisi la France pour te lancer vraiment ?
Je ne l’avais pas prévu ! Au départ je suis arrivée dans cette terre inconnue qui était la France pour poursuivre mes études supérieures. Si l’on m’avait dit à l’époque que j’allais venir en France pour me lancer dans la musique et enregistrer un disque dans un très beau label indépendant je ne l’aurai pas cru…
En quoi « Si tu chantes la beauté, même dans la solitude du désert, tu trouveras une oreille attentive. », citation de Khalil Gibran, a-t-elle eu une importance pour toi ?
C’est une citation que m’avait envoyé ma mère quelques temps avant son décès. Elle m’encourageait dans la musique et disait les choses d’une façon belle et poétique. Cette citation a créé un déclic, quelques temps après je me suis lancée, j’ai fait de la musique un métier et j’ai enregistré Whisperwood, c’était une façon de lui dire merci. La beauté est une des choses les plus difficiles à exprimer et à créer finalement.
Partie 2 : L’album « Fairytale »
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Comment s’est déroulé l’enregistrement ? Où as-tu enregistré ? Combien de temps a-t-il fallu pour le mettre en place ?
C’était magique ! Je souhaitais faire un album en gardant la fraîcheur et la spontanéité que l’on a quand on crée, une façon de préserver l’émotion du départ. C’est Vincent Frèrebeau , musicien et directeur artistique de Tôt ou Tard, qui m’a proposé d’aller enregistrer le disque dans un studio mythique à New York avec un trésor de musiciens (Jeff Pevar, Sean Pelton et François Moutin). Nous avons enregistré les 12 titres en 3 jours ! On faisait les prises en jouant tous en même temps (dans des conditions live), puis nous sommes revenus en France pour finaliser et mixer l’album aux studios Ferber et Garage sous la direction de Dominique Ledudal. La fabrication de l’album s’adapte bien à mon histoire finalement, entre la France et les Etats-Unis !
Pourquoi avoir choisi « Fairytale » comme titre de l’album ?
Les fables et les contes de fées s’en vont, mais le monde peut rester magique quand on arrive à mettre la main sur la réalité et donner de quoi rêver, quand on transforme les paysages en chansons. Alors en plus d’être l’une des chansons du disque et d’avoir quelques fois le sentiment de vivre un « fairytale », je trouvais que ça faisait un bon titre d’album.
De quoi parlent ces douze chansons qui le composent ?
J’ai du mal à parler des chansons, j’aime bien suggérer les choses, les poétiser et donner un sens à ce qui n’en a pas, regarder plus en profondeur et laisser à chacun sa liberté d’interprétation. Ce ne sont pas les plus belles mélodies ou paroles mais les idées derrière qui m’intéressent… la façon que l’on a de diluer les émotions et la sensation que cela procure. Il y a des thèmes qui reviennent souvent, le voyage, la dérive des rêveurs dans la société actuelle, l’espoir, les rencontres et les aux- revoirs…
Où puises-tu l’inspiration pour écrire et composer ?
Je pioche dans un décor qui est souvent déjà là, là où se pose mon regard. On habite des sensations et des émotions jusqu’à ce que les mots se bousculent et se transforment en chansons. J’aime les paysages en mouvement, les trains, les routes, les voyages, les rencontres, la solitude dont j’ai besoin pour composer et me retrouver, la confrontation avec le réel et l’envie parfois de le transcender. J’emporte ainsi avec moi de multiples fragments qui trouveront leur place au moment de l’écriture.
Comment s’est passée la collaboration avec Jérôme Attal ?
J’ai rencontré Jérôme lors de la finale d’un tremplin où nous jouions tous les deux. Quelques jours plus tard il m’a envoyé un mail en me proposant de très jolis textes « Tiens j’ai écrit ces paroles, et je crois bien qu’elles sont pour toi ». Dès la première lecture il y avait une évidence, paroles et musiques vont ensemble ! C’est un bonheur de collaborer avec lui, il ne se contente pas de montrer les choses, il les développe et saisit la beauté, où qu’elle se trouve…
De quels instruments joues-tu sur l’album ?
Je joue avec plusieurs guitares.
Si tu devais décrire cet album en quelques mots, lesquels choisirais-tu ?
Une invitation au voyage et à la rêverie portée par des guitares acoustiques, avec pour bagage le mélange indéfinissable du groove et du coeur…
Partie 3 : La scène
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Préfères-tu la scène ou le studio ?
J’aime beaucoup les deux ! La scène c’est le moment où je suis musicienne, le moment où les chansons s’adaptent, évoluent, respirent ! C’est le temps de l’improvisation et de l’imprévisible, où l’on reçoit et où l’on offre le plus. C’est un moment d’échange et de partage avec les musiciens qui m’accompagnent et avec le public. Le studio me rapproche plus de la composition et de la création où l’on fabrique les chansons. Il y a cette magie d’entendre les mélodies prendre vie en activant la touche « play »… lecture !
Comment se passent tes concerts ? Es-tu seule sur scène ?
La formation varie en fonction des lieux et de ce qu’on me demande. Il m’arrive d’être seule sur scène, mais on tourne souvent à deux guitares ou en trio avec une contrebasse, il nous arrive même d’être au complet ! (en ajoutant batterie et harmonica).
Quel est ton meilleur souvenir sur scène ?
Café Northwest, Washington DC. Une scène improvisée avec un vieux chanteur hippie. L’impression d’avoir trouvé la blue note où d’avoir chanté avec Bob Dylan ce soir là… Et puis il y a des lieux magiques, me retrouver aux Francofolies de la Rochelle en juillet dernier, me retrouver en première partie de Vincent Delerm ou de Da Silva par exemple !
Partie 4 : Les sélections culturelles
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Tes albums préférés ?
Il y en a tant ! Les albums préférés que j’ai du acheter au moins 5 fois, ces fameux albums que vous prêtez mais que l’on ne vous rend jamais. Il ne s’agit pas forcément d’un album précis mais de plusieurs albums, de leur carrière ! Tracey Chapman, quand j’entends sa voix, j’arrête tout ce que je suis en train de faire… Jimi Hendrix, ça va au-delà des notes, l’un des musiciens les plus créatifs du 20ème siècle, Led Zeppelin, on ne peut pas passer à côté de tels « monuments », la diversité et l’étendue de leur talent. Miles Davis qui tourne en boucle dans mon lecteur depuis des années, et plus récemment un groupe découvert sur FIP, The Kingsbury Manx….
Les livres qui t’ont le plus touchée ?
Il y a une écrivaine que j’aime beaucoup qui s’appelle Maya Angelou, ses textes, récits, poèmes, nous enveloppe dans un monde de paix, de développement et de respect. Elle nous rappelle qu’il faut vivre avec passion, Ben Harper a adapté l’un de ses poèmes en chanson « Still i Rise ».
Les films que tu as préférés ?
J’aime beaucoup les films de Clint Eastwood, « The Bridges of Madison County » est un chef-d’oeuvre d’histoire d’amour au cinéma. D’autres films qui m’ont marquée, « The Straight Story » de David Lynch et « Mort à Venise » de Visconti, une révélation ce film… également ma première rencontre avec la symphonie numéro 5 en ut dièse mineure de Gustav Mahler.
Discographie
« Fairytale » (2007)
1. Clash dans le tempo
2. Décrocher la lune
3. Rendez-vous de novembre
4. Dime for a buck
5. Fairytale
6. L’étourderie
7. L’envol
8. Cross yoyr fingers
9. On dira ouf
10. Le souffle d’un matin
11. Le bout du monde
12. Art of living good
Clash dans le tempo :
Site officiel : http://www.constancemusic.com/
Myspace : http://www.myspace.com/rdvfairytale
Tôt ou tard : http://www.totoutard.com/
Chansons en écoute avec l’aimable autorisation de Tôt ou Tard.
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