Ces temps-ci, je m’interroge sérieusement sur la galanterie. Privilégier le sexe faible est-il quelque chose qu’il faut accepter ? Parce que, d’un côté, lorsque la gente féminine est satisfaite, c’est un bon point pour nous, les hommes. Mais de l’autre, si elle l’est parce que nous avons fait des efforts, je reste sceptique . Avouez qu’au-delà d’un certain point, il ne faut pas pousser mémé dans les orties (sinon c’est la dame qui exagère qui va s’y retrouver).
Prenons un exemple : nous sommes en été, je fais une randonnée en montagne avec ma chère et tendre, et elle n’a pas soif : c’est bien et il conviendrait de savourer l’instant… même si concrètement celui-ci fait partie du cas théorique qui ne se produit jamais. Parce qu’en principe, si elle n’a pas soif, c’est bien parce que je viens de lui passer un peu d’eau de ma gourde. Eau conservée tant bien que mal à cause des quarante degrés ambiants et de ma déshydratation chronique… Vous comprendrez que ceci me rend déjà beaucoup moins enthousiaste. Mais il arrive aussi que parfois la raison pour laquelle une dame n’a pas soif à 200 mètres de la cime d’une montagne, c’est tout simplement parce que son preux chevalier vient de revenir de la fontaine du village du fin fond de la vallée avec de l’eau fraîche qu’il était redescendu chercher en courant sur ordre de madame, qui part ailleurs le chronométrait. C’est dans des cas comme celui-ci que si l’on prête attention au paysage de la cime de la montagne, on verra certainement des orties, avec une grand-mère dedans.
Malheureusement, cela n’est qu’un exemple ! Quel nain de jardin a eu pour la première fois l’idée, il y a bien longtemps, de jeter son manteau sur une flaque de boue pour qu’une dame ne se salisse pas en traversant la forêt ? Bien que je ne sache pas de qui il s’agit, je suis persuadé que les quarante degrès de fièvre dûs au rhume qu’il a attrapé en gambadant en chemisette sous la pluie dans ladite forêt, tout comme le devis du pressing pour le nettoyage de son manteau, ont dû lui remettre les idées bien en place.
Dans l’ancien temps toujours, parce que c’est de là que tout vient, est né le protocole qui consiste à précéder la dame en entrant dans une maison, et à la laisser passer devant au moment de sortir dans la rue. A l’époque, cela s’expliquait : les attaques de brigands étaient monnaie courante et les halls d’entrée des maisons étaient particulièrement dangereux, contrairement à la rue, qui était sans risque. L’homme allait donc braver le danger en premier, pour protéger sa dame.
Aujourd’hui, on est loin d’Henry IV et les halls sont globalement devenus moins dangereux. Pourtant si un homme va à la Poste et qu’une dame arrive, on observe qu’il lui tient la porte (tout en lui sortant son « après vous » le plus sensuel). Il n’a rien compris. S’ils veulent suivre la coutume, c’est lui qui est censé passer en premier, car même si le hall de la Poste ne craint pas spécialement, quitte à respecter un protocole qui n’a plus de sens, autant essayer de ne pas se tromper !
Alors, pourquoi ne passe-t-il pas ? Aurait-il peur de se faire kidnapper par le postier ? Non, le pauvre n’y peut rien, c’est juste que le sens de ces gestes s’est perdu, mais qu’il est toujours de bon ton de respecter cette règle dont chacun n’a plus qu’une vague idée. Le pire, c’est qu’en revanche l’homme fait de son mieux pour toujours faire sortir la femme en premier comme Henry IV…
… Sauf que maintenant, ce sont les rues qui craignent un peu plus, parce que j’ai oublié de préciser que la Poste de notre exemple, c’est celle d’Aulnay-sous-Bois et que nous sommes en période d’émeutes. Mais l’homme n’en à que faire, et suit les règles, galanterie oblige ! Bravo.
Personnellement, vous l’aurez compris, je suis plutôt contre la galanterie. Mais comme je l’ai dit plus haut, je suis dans une période de réflexion sur ce sujet. En effet, alors que mon opinion était toute faite, j’ai constaté que mes ennemies féministes étaient également contre. Elles avancent des raisons telles que « l’homme ne doit rien à la femme qui est son égal et avoir des attentions particulières vis-à-vis d’elle serait un signe de supériorité de l’homme »… Pas bête, je n’y avais pas pensé. Alors si, de ce point de vue, je peux me sentir au dessus du lot, je suis plutôt pour la galanterie !
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