Lorna, c’est une BD au mauvais goût revendiqué. Son scénario digne de Nanarland n’est toutefois qu’une illusion. Le moindre détail est chargé de médiocrité, pour un résultat étonnant.
Tout commence avec une histoire entre Tamara Teets, actrice porno et Henri Luxe-Butol, fils à papa de Charles-Henri Luxe-Butol, patron d’un des plus gros labos pharmaceutiques au monde. Histoire de sexe pour Tamara Teets, qui ne voit en Henri qu’un partenaire de jeu. Mais celui-ci la demande en mariage. Sur ce fond de déprime sentimentale bon marché, Henri ne supporte plus de rester l’ombre de son père. Alors il s’approprie la paternité du Priaps, médicament destiné à redonner turgescence à n’importe quel homme. Entre effets secondaires indésirables vengeance du réel inventeur du Priaps, les événements vont de mal en pis avec une logique de moins en moins certaine. Jusqu’à l’arrivée de Lorna, une femme géante qui se ballade dans la ville, entre les gratte-ciel.
Dans Lorna, Heaven is here, Brüno mêle les codes du film d’horreur, du porno et de la Série Z avec un bonheur évident. Son mauvais goût a du raffinement, présent dans chaque détail. De personnages médiocres en interludes publicitaires tellement mensongers qu’ils pourraient être vrais, le scénario suit un chemin qui n’appartient qu’à lui. Graphismes épurés, bichromie et humour noir : voilà un cocktail détonnant et étonnant, qui érige la médiocrité au rang d’art.
Lorna, Heaven is here, Dessin et scénario : Brüno, Editions treize étrange, 17,25 €
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