Vous avez, lectrices de mon cœur, le droit de vote aux élections locales et nationales. Et encore, seules celles ayant plus de 18 ans ont le privilège d’exercer ainsi leur devoir de citoyenne de notre bien belle République. Mais savez-vous depuis quand le beau sexe détient il ce privilège ? Dans quelles conditions a-t-il été obtenu et après quelles luttes ? Je vous emmène voyager dans le temps, c’est parti !!!
Par l’ordonnance du 21 avril 1944, prise par le Gouvernement Provisoire de la République Française (alors que la France est encore occupée), le suffrage universel est étendu aux femmes, celles-ci devenant « électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes. ». Cette ordonnance met enfin la France au même rang que les autres nations occidentales concernant l’égalité hommes/femmes devant l’urne. Petit retour en arrière !
En 1848, une révolution chasse du trône le roi des Français Louis Philippe Ier et instaure la IIè République. Cette dernière, bercée par les illusions des grands romantiques comme Lamartine, décrète le suffrage universel masculin. Jusque là, seuls les grands propriétaires payant des impôts (un cens) pouvaient élire et être élus, car on estimait que seuls ceux possédant quelque chose avaient intérêt à le défendre. Ce système de vote réapparaît à l’avènement du Second Empire (1852-1870). A la chute de celui-ci, la IIIè République est proclamée (4 septembre 1870) et le suffrage universel masculin est rétabli. Cependant, dès cette époque, des députés ont proposé à plusieurs reprises d’étendre le suffrage universel à ces dames, mais chaque proposition s’est heurtée au refus obstiné de la Chambre haute, le Sénat. A l’époque, si une proposition était rejetée par le Sénat, elle ne repassait pas par la Chambre des Députés (aujourd’hui, Assemblée nationale) comme c’est le cas sous la Vè République. L’argument avancé était la religion : on estimait que les femmes, qui allaient plus à l’église que les hommes, voteraient en fonction de ce que leur dirait les curés (car la femme ne peut pas penser toute seule selon eux), ce qui briserait le mythe de la République laïque.
Alors qu’au début du XXe siècle, les femmes commencent à se voir accorder le droit de vote un peu partout (Nlle Zélande 1893, Australie 1902, Finlande 1906, Norvège 1913,…), la France reste ancrée dans ses préjugés. Même la place prise par la femme dans la société durant la Première Guerre mondiale ne change rien à la donne. Alors qu’en Grande Bretagne, les femmes de plus de 30 ans(les fameuses « suffragettes ») obtiennent le droit de vote en 1918 (l’égalité totale en 1928) tout comme en Allemagne en 1919, la France reste sur le statu quo ante bellum, et la femme reprend sa place.
Il n’y a pas de réel changement même dans le gouvernement du Front populaire (1936), pourtant le plus à même d’apporter ce changement, si ce n’est l’entrée de 3 femmes au gouvernement. On frise l’absurde : des femmes qui n’ont pas le droit de vote peuvent prendre des décisions politiques.
La Seconde Guerre mondiale apporte ce changement. Le Conseil National de la Résistance inscrit cette décision à son programme en 1943, non pas comme un fait naturel, mais plus comme une récompense des hauts faits de femmes dans la Résistance, alors que 1 million de soldats français sont prisonniers en Allemagne et que les femmes ont une nouvelle fois dû les remplacer aux champs ou dans les usines.
Les femmes votent pour la première fois aux élections municipales en avril 1945 dans une France libérée. Toutefois, leur participation aux activités politiques reste minoritaire : elles sont certes nombreuses dans les différents gouvernements, mais ne représentent qu’environ 10% des députés.
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