Aujourd’hui, honneur à Baru, dessinateur de l’affiche de cette édition et président du jury. C’est en effet à cet auteur qu’est consacrée une des expositions les plus importantes de ce festival. Quant à nos rencontres du jour, elles étaient placées sous le signe de l’humour.
C’est dans le bâtiment Castro, en bas de la ville d’Angoulême le long de la Charente, qu’est représentée l’œuvre de Baru. L’auteur se présentant comme un témoin de la classe ouvrière, c’est tout naturellement que les attributs typiques de cette classe se retrouvent dans la scénographie.
Un juke box, un flipper… On pourrait se croire dans le rade de Marche à l’Ombre, décrit par Renaud. A côté, une ville Dauphine rouillée et fatiguée vient sortir le prolo de son lieu de rencontre favori.
La scénographie très réussie de cette exposition n’a d’égale que sa richesse en planches originales. Toutes les facettes de l’œuvre de l’auteur sont regroupées par thème. Le plus impressionnant reste sans doute le monumental mur d’originaux qui traverse la salle principale : impossible de ne pas y trouver son compte, une étincelle qui donnera envie de découvrir les productions de Baru.
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Dans le prolongement de l’exposition BARU : DLDDLT (debout les damnés de la terre), nous pouvons admirer, les trente et un visuels originaux réalisés pour le disque « Rock’n’roll Antédiluvien », exposition esthétique mais néanmoins très courte sur un fond sonore rock’n’roll, bien entendu…
Il était une fois … Par qui ? Pourquoi ? Comment ?
A l’origine, juste un nom : Baru, fana de musique rock. Puis, une idée : réunir une trentaines de ses compères dessinateurs autour d’un vieil ami : le rock’n’roll, à la fois sous la forme d’une exposition à Angoulême et d’un album inédit pressé et diffusé dans toute la France spécialement pour le festival.
L’album et son contenu …
Le disque est une compilation regroupant trente et un titres de rock’n’roll, choisis par le dessinateur à l’origine du projet, enregistrés avant 1960 par des groupes pour la plupart inconnus du grand public comme le groupe hollandais d’Indonésie, formé dans les années 50, les « Tielman Brothers », ou encore des artistes pour la plupart américains comme Larry Williams, pour ne citer que lui.
Son livret …
Le livret est riche en dessins car chacun des titres de l’album est illustré par un dessinateur de BD comme Larcenet, Mattotti, Gibrat, Loustal, Emmanuel Guibert ou encore Ted Benoit.
L’exposition se termine par quelques mots de Baru justifiant en quelque sorte cette idée de collaboration.
« 31 tueries. 50 ans d’âges. Dédiées à toutes les buses qui n’auraient pas encore remarqué que bande dessinée était l’autre nom du rock’n’roll ».
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« Aujourd’hui, dans le train, j’ai allumé mon ordinateur portable, qui a fait des mises à jour. En voyant le décompte du temps restant, la personne âgée assise à mes côtés a hurlé à la bombe. VDM ».
Mais VDM, késako ?
Vie de Merde (en français dans le texte) est à l’origine un site web de partage d’anecdotes sur la vie quotidienne des internautes désirant raconter « leur vie de merde ». Fort du succès du site, le premier tome est apparu rapidement avec une sélection des meilleures histoires.
Aujourd’hui, Save My Brain a eu la chance de rencontrer le dessinateur du premier tome de la série BD VDM sous le titre très prometteur : « Les Premières Fois ». Et ça, c’est pas une VDM.
Save My Brain : Pourquoi avoir accepté d’illustrer les histoires proposées par les internautes sur le célèbre site VDM ?
Grelin : J’avais déjà travaillé pour le VDM illustré avec d’autres dessinateurs et on m’a proposé de travailler sur le projet BD car mes dessins étaient ceux qui plaisaient le plus. Du coup, j’ai accepté mais à la condition que je choisisse le thème parmi trois proposés à savoir VDM « les premières fois », « au boulot » et « les anniversaires». J’ai pris évidemment le premier thème car je voulais me faire plaisir en dessinant des « nanas à poil ».
SMB : Quels sont vos critères de sélection quant aux choix des histoires sur VDM ?
G : Il fallait faire un gros travail de sélection sur le site concernant le thème des premières fois. Ce sont les éditeurs qui s’en sont chargés. Après en avoir choisi 46, ils ont transmis les histoires aux scénaristes.
SMB : Comment passez-vous de la VDM à la planche de BD ? (écriture du scénario, découpage des cases, etc).
G : Le scénariste (Hipo pour cet album) m’a envoyé les dialogues à incruster et le nombre de cases pour chaque page. Je n’avais plus qu’à faire les illustrations mais j’ai quand pris la liberté de changer la position des cases et leur nombre.
SMB : Cinq noms apparaissent sur la couverture de la Bande Dessinée. Quel est le rôle de chacun ?
G : Maxime Valette, Guillaume Passaglia et Didier Guedj sont les fondateurs du site VDM. Hipo est le scénariste et je suis donc l’illustrateur.
SMB : Est-ce que le contenu de la VDM a eu une influence sur votre façon de dessiner ?
G : Depuis 6 ans que je dessine, j’ai essayé de moduler mon style mais je ne peux pas vraiment dire que le contenu m’a influencé. Avant l’aventure VDM, je dessinais comme ça et après VDM, je pense que mon style ne changera pas radicalement.
SMB : Regardez-vous les VDM illustrées chaque semaine sur le site ? Si oui, comment vous placez-vous par rapport aux autres illustrations ?
G : Je regarde de temps en temps le site mais je dois avouer que je ne suis pas un « addict » de VDM et de tous ces sites qui nous à obligent guetter sans arrêt les dernières mises à jour. Pour dire, je dois me connecter à mon compte facebook qu’une fois par mois. Donc pour répondre à la question, je ne regarde pas les VDM illustrées tout court.
SMB : Qu’elle a été la VDM la plus drôle selon vous que vous avez illustré ?
G : Selon moi, l’histoire la plus drôle se trouve page 10. Ca raconte la première fois d’un couple où le mec demande à sa copine de s’attacher les cheveux avant l’action car selon lui elle ressemble à sa sœur (pas la sœur du gars hein ;)). Je confirme, ça c’est vraiment une VDM pour la fille.
SMB : Un dernier mot à ajouter ?
G : Vous pouvez me retrouver sur http://artofgrelin.blogspot.com
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Dans un tout autre genre, bien qu’humoristique, nous avons rencontré le dessinateur d’Animal Lecteur, série sur le monde de la BD dont nous vous avons récemment présenté le deuxième tome.
Save My Brain : Comment est venue cette idée de gags autour du marché de la BD ?
Libon : C’est Sergio (Salma, le scénariste, NDLR) qui avait cette idée depuis un bout de temps. Il en a parlé au rédacteur en chef du journal de Spirou et il lui a expliqué le projet. C’est ainsi que la chronique a commencé à paraître dans Spirou.
SMB : Comment voyez-vous le marché de la BD aujourd’hui ?
L : Le marché est assez compliqué. Il y a des mots qui reviennent sans cesse, comme surproduction. On entend souvent aussi « on va se faire bouffer par le numérique ». C’est difficile d’avoir une vision froide quand on est à l’intérieur du problème. Il y a une certaine effervescence en ce moment, mais on ne peut pas se permettre de donner des leçons. Parce que s’il y a de la surproduction, on y est un peu pour quelque chose aussi !
SMB : Comment compareriez-vous Animal Lecteur à la flopée de séries qui existent sur les divers métiers, comme les pompiers, les profs…
L : Je ne me suis jamais posé la question. On a trouvé le sujet marrant parce que ça parlait de nous. On est des deux côtés de la barrière : non seulement on lit des BD mais on les fait.
SMB : Avec ce thème, n’avez-vous pas peur de la « private joke », de ne vous adresser qu’aux professionnels de la BD ?
L : C’est une crainte qu’on a eue au début. Au départ, on s’est demandés si on ne s’adressait qu’aux fanas. Dans le Journal de Spirou, ça ne posait pas de problèmes, puisque les gens qui achètent le Journal de Spirou sont par définition des fanas de BD. Mais on se demandait si on pouvait toucher un public plus large avec un album. Finalement, ça a été le cas.
SMB : Dans le dernier album, vous jouez avec le format étroit de la mise en page, pour verser dans la lecture façon manga. Est-ce que c’est une source d’inspiration ?
L : Pas vraiment. Je lis assez peu de mangas. Je n’arrive pas à lire à l’envers, j’ai l’impression de lire un livre qui a été imprimé verticalement. Et puis j’ai quarante ans, je n’ai pas grandi avec !
SMB : Comment avez-vous créé ce personnage du libraire ?
L : Déjà, je lui ai mis une grande bouche, parce que c’est par là que je fais passer les expressions. Ensuite, il a évolué, sa tête change au fil des situations. On a choisi ce personnage du libraire parce qu’il est le lien entre les lecteurs est l’éditeur. Il s’est imposé de lui-même assez rapidement.
SMB : Etes-vos parfois aussi désabusé que ce libraire ?
L : Non, tout de même pas. C’est vrai qu’il m’arrive d’en avoir marre de travailler jusqu’à deux heures de matin parfois. Mais ça reste avant tout un plaisir.
Agnès Papillard & Nicolas Meunier
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