Femme de légende

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi est une héroïne moderne comme on les aime… Avocate de renom, écrivain, député et ambassadrice de l’Unesco, elle dédie sa vie à la défense des opprimés et avant tout à celle des femmes.

Née en juillet 1927 en Tunisie au sein d’une famille juive traditionaliste, Gisèle Taieb se rebelle très tôt contre sa condition et ses obligations de jeune fille. A 13 ans, par exemple, elle entame une grève de la faim pour ne plus avoir à faire le lit de son frère. Ses parents cèdent et elle écrira dans son journal intime de l’époque : « aujourd’hui j’ai gagné mon premier petit bout de liberté ». Par ce petit bout de vie, on découvre le caractère bien trempé d’une femme qui ne supporte pas l’injustice.

C’est en effet la révolte contre un destin tout tracé qui la pousse à devenir avocate au lieu de se contenter d’un beau mariage comme le souhaitent ses parents. Inscrite au barreau de Tunis en 1949, elle décide en 1956 de venir poursuivre sa carrière à Paris. Fortement engagée en faveur de l’indépendance algérienne et de celle de son pays, elle dénonce les tortures pratiquées par l’armée française et sera l’un des principaux avocats du FLN algérien. Elle co-signe avec Simone de Beauvoir Djamila Boupacha, livre dans lequel elle obtient de nombreux soutiens et la participation de grands noms comme Picasso dont le portrait de Djamila Boupacha figure sur la couverture.

A la même époque, elle devient l’avocate de personnalités telles que Jean-Paul SARTRE, Simone de BEAUVOIR, Françoise SAGAN ou encore Henri CARTIER-BRESSON.

Elle est aussi et avant tout une militante de la cause des femmes. C’est dans les années soixante-dix que son action féministe se concrétise, d’abord avec la création en 1971 de son association Choisir (avec l’aide de Simone de Beauvoir et Jean Rostand) , qui se fixe notamment pour objectifs de promouvoir la contraception et l’éducation sexuelle, ainsi que d’obtenir la suppression de la loi de 1920 qui réprime la propagande anticonceptionnelle et la provocation à l’avortement. Elle sera signataire en 1971 du « Manifeste des 343 », parmi 343 femmes qui déclarent avoir avorté et réclament le libre accès aux moyens anticonceptionnels et l’avortement libre. Aujourd’hui Choisir s’illustre dans les luttes contre le viol, pour l’égalité professionnelle des femmes, pour une participation équitable des femmes dans la vie publique, par la parité entre autres.

C’est en 1972 que Gisèle Halimi accède à la notoriété, avec le procès de Bobigny au cours duquel elle défend la jeune Marie-Claire, accusée de s’être fait avorter avec la complicité de sa mère et d’une collègue de celle-ci. Gisèle Halimi réussit à faire acquitter Marie-Claire, mais également à démontrer, au terme d’un procès très médiatisé, que la répression de l’avortement est désormais caduque. Ce procès a contribué à l’évolution vers la loi Veil, votée en décembre 1974 et promulguée en janvier 1975, sur l’interruption volontaire de grossesse. Après l’adoption de la loi Veil, Gisèle Halimi continue à lutter contre ce qu’elle appelle des bastions de la misogynie et dans ce domaine la route est encore longue…

Elue députée PS de l’Isère, elle siège à l’Assemblée nationale entre 1981 et 1984 où elle interviendra au mieux en faveur des femmes en déposant des propositions de loi (congé parental, quota électoral, dépénalisation de l’homosexualité, remboursement de l’IVG…). En avril 1985, elle est nommée Ambassadrice-Déléguée permanente de la France auprès de l’UNESCO.

Parcours impressionnant que celui de Gisèle Halimi, petite fille de Tunis qui s’est élevée jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat grâce à sa détermination. Elle a toujours mené sa vie comme un combat et continue toujours aujourd’hui à oeuvrer pour les opprimés, les combats qui la touchent… Contre l’injustice.

Anecdotes:
Elle est promue au grade d’officier de la Légion d’honneur en 2006.
En novembre 2009, elle est promue commandeur de l’ordre national du Mérite, qu’elle reçoit le 13 avril 2010 des mains du professeur Axel Kahn.
En mars et avril 2006, les chaînes RTL-TVi, TSR1 et France 2 ont diffusé Le Procès de Bobigny, un téléfilm de François Luciani, dans lequel Anouk Grinberg interprète le rôle de Gisèle Halimi et Sandrine Bonnaire celui de la mère qui aida sa fille mineure à avorter.

A lire:
La cause des femmes (1973)
La nouvelle cause des femmes (1997) ;
Ne vous résignez jamais (2009).
«Si j’ai écrit ce livre, c’est parce que j’ai voulu relier mon parcours passé avec ce que je suis, et ce qui me reste. J’ai un parcours parsemé de procès, de batailles, d’engagements, j’ai eu besoin de voir s’il y avait une unité, une cohérence dans ma vie. Les combats que j’ai eus sont longs, ceux qu’il me reste, plus limités…»

Site:
http://www.choisirlacausedesfemmes.org/

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