Vivre pour bloguer

Moi, j’adore dire à mon entourage que je suis trop une blogueuse influente. Ce qui est vrai, je ne suis pas une menteuse. Je m’appelle G. et j’ai un blog de tout. Ben oui, au début je n’étais qu’une petite blogueuse mode. Je me suis progressivement mise à faire de la beauté, puis à parler de geekeries, j’ai ensuite créé une partie cuisine sur mon blog, un vide-dressing, etc etc.

Évidement, le nombre de visites a progressivement augmenté, jusqu’à un nombre considérable de visiteurs par jour, dont je tairai le montant, espionnage bloguesque oblige.
Certaines marques m’ont contactées, et depuis j’ai 10 partenariats différents, deux carrés pub, des billets sponso un jour sur deux, le tout que j’essaye de planquer au maximum. D’ailleurs, c’est assez facile finalement, mon blog a tellement de catégories que tous les sujets rentrent, ou presque.

Tout ça, c’est sans compter les avantages en « nature ». Je suis tellement convoitée que j’ai arrêté d’aller faire mes courses (sauf pour mes billets sponso avec reportage à la clé). J’ai un stock de croquettes pour chien obèse, si quelqu’un est intéressé. J’ai menti sur mon blog, j’ai dit que j’avais un chien au lieu d’un chat. J’ai pris une image moche sur Google et tout le monde a gobé le truc.
En fait, je n’aurais peut-être pas du mentir, j’aurais eu des croquettes pour chat obèse. Quoique j’ai une montagne de pâtée qui attend dans mon cagibi… Vais recontacter les gens des croquettes pour chien obèse pour faire sponsoriser mon chat obèse, bonne résolution !

Il y a aussi les soirées de lancement, d’avant-premières, de présentation, bref on s’en fiche. Vous savez, celles où il y a champagne et cupcakes à volonté. C’est qu’on doit être chouchoutées nous, les bloggeurs, s’agirait pas de nous inviter sans cadeaux à la fin ! Sans quoi Machin fusillera la marque dans son prochain billet et les autres n’en parleront même pas à leur voisine. Inutile de dire que j’y vais à chaque fois, ça renfloue mon stock.

Du coup, j’ai fini par quitter mon job pourri et mes collègues attardés pour me consacrer pleinement à mon chef-d’œuvre (mon blog, quoi). Je préfère nettement mes relations avec mes amis du net, entre bloggeurs, se comprend…

Avant, quand j’avais encore un job débile où je devais me lever à 7h30 pour aller bosser dans une boîte glauque pour un salaire de misère, j’avais aussi des « amis ». Disons plutôt des gens que je côtoyais, pensant qu’ils m’apportaient quelque chose. Bon, ben c’est vite vu, je me suis rapidement mise à les éviter. J’ai même eu des échos par ma mère (ma plus grande fan) qu’il se raconte que je suis devenu snob, hautaine et méprisante envers les autres. J’hallucine !! Ils ne savent pas ce que c’est de s’occuper d’un blog, eux et d’être présent aux soirées lancement. C’est un investissement de chaque minute ! De toute manière, ils ont bien fait de partir tous seuls, je n’aurais pas voulu avoir quoique ce soit à faire avec mes anciens « amis », ils sont bien trop mal fringués pour ça. Attends, ça va 5 minutes la plaisanterie…

Vous imaginez le scénario ?? Je suis en reportage photo pour un billet sur mon nouveau sac sponsorisé, un de ces « amis » m’accompagne pour faire de la figuration (genre c’est la vraie vie, quoi) et un de mes fans me voit en sa compagnie!!! J’en suis mortifiée rien que de l’envisager un quart de seconde.

Enfin je suis sûre qu’ils sont médisants par jalousie, je ne vois pas ce que j’ai à me reprocher… Donc ça ne peut être que ça. Je suis sûre qu’ils m’envient même mes croquettes pour chien, tiens, eux qui sont obligés de les acheter. Ils peuvent me dire merci, sans moi, ils auraient peut-être pas pu les trouver au rayon de leur hyper, ces beaufs.

Enfin bref, en ce moment je pense que je vais refaire un vide-dressing. C’est un bon moyen pour refourguer les trucs moches qu’on vous envoie en cadeau. Je vais essayer d’y mettre mes croquettes, qui sait…

Bon, je dois maintenant vous laisser, je dois répondre à une invit’ pour tester une nouvelle serpillère.

A tout de suite sur mon blog !!

PS : ce billet est une pure fiction, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

* Cahier de vacances 2010 – Article initialement publié le 30 avril 2010