« Viens me le dire » est en ce moment sur toutes les ondes et, mieux sur toutes les lèvres. Un premier titre issu du nouvel album de JP Nataf, intitulé « Clair ».
Clair est le deuxième album solo de JP Nataf, après ses débuts au sein du groupe les Innocents et des projets variés, dont un duo avec Jeanne Cherhal ou encore Imbécile, à mi-chemin entre le théâtre et la chanson.
Si tu devais te présenter aujourd’hui, comment le ferais-tu ?
Je dirais « Salut, je m’appelle JP et je suis musicien »
Rien de plus ?
Pas vraiment. Je trouve que c’est déjà pas mal ! Ensuite, si on discute une demi-heure, on peut rentrer dans les détails, dire que je ne joue pas dans l’orchestre philarmonique de Moscou…
Et il y a dix ans, c’aurait été la même chose ?
Oui, je fais partie des gens qui ont la chance de faire ce même métier depuis un certain temps. 25 ans pour moi. Et j’aurais déjà dit la même chose
Qu’est-ce qui a changé pendant ces dix ans ?
Dix ans, ça correspond pile au moment où j’ai quitté les Innocents. Ce tournant du siècle, ça a été un gros changement pour moi, puisque je jouais dans le groupe depuis le lycée. Ensuite, je ne sais pas si on peut parler d’une sorte de pari ou défi que je me suis lancé… Je n’étais pas assez confiant pour ça ! J’ai juste voulu continuer à faire de la musique, sans avoir à trouver un autre boulot ou faire de la musique pour des gens qui ne l’adorent pas. J’ai eu quelques expériences dans la musique de pub, je crois que ce n’est pas ce que je recherchais. Et comme je suis ou peu têtu ou ambitieux, j’ai continué à faire ma musique. J’ai dû sortir du cocon des Innos, quitter cette petite famille. Aujourd’hui, la famille est différente. Plus grande et plus éloignée aussi.
Avec Viens Me le dire, on t’entend partout, avec ton nom en solo. Quel effet ça te fait ?
Ca fait bizarre mais rigolo. Au départ, je voulais prendre un nom d’artiste. JP Nataf, je ne trouvais pas ça très sexy. Puis on m’a rétorqué qu’Alain Souchon non plus, qu’en fait on s’en fiche du nom. Alors j’ai gardé le mien. Et finalement, ça m’oblige à faire une musique qui me ressemble. Quand on entend quelque chose avec son nom derrière, il faut pouvoir se regarder dans la glace. Alors je place la barre !
A propos de Viens Me le Dire, comment s’est fait le clip ? D’où vient l’idée ?
Déjà, c’est parti de la trame que j’avais dans le texte. Ensuite, j’ai rencontré des gens d’un collectif qui s’appelait No Brain et on avait à peu près la même idée mais vue d’une manière différente. Puis on a bifurqué sur ce « visiteur » que je croisais sur mon chemin. Pour le tournage, ça a été un peu compliqué, il fallait aller vite, j’avais peu de temps à cette époque, j’étais en partie en tournée. Donc on a eu l’idée de ce road movie, pour qu’ils puissent me filmer sur un trajet que j’ai vraiment fait. Et ensuite, ils ont bossé sur les images de synthèse. Parce que, comme j’ai été obligé de le dire à mes enfants, je ne l’ai pas rencontré en vrai, le petit bonhomme !
Dommage…
Ouais, c’est vrai qu’on avait une relation qui partait bien, lui et moi…
Je t’ai déjà vu dire que « jouer n’est pas travailler ». Alors quel est ton travail ? Que représente la composition d’un album pour toi ?
C’est quand même un travail, mais pas une contrainte. Je peux avoir mal aux mains à la fin de la journée parce que j’ai trop joué de la guitare ou la voix fatiguée à force de chanter. Mais ça ne me demande pas d’effort particulier. J’ai l’impression d’utiliser le moment comme un imposteur. Il faut bien de temps en temps que je dise à mes enfants que je travaille, sinon ils me demanderaient pourquoi je ne viens pas à la piscine avec eux.
Préfères-tu la scène ou le studio ?
Je n’ai pas vraiment de préférence. Dans les deux, il y a des bons jours et des mauvais jours…
Qu’as-tu voulu mettre dans ton nouvel album « Clair » ? En quoi est-il différent de tes productions précédentes, que ce soit avec les Innos ou en solo ?
Je ne sais pas vraiment ce que j’ai voulu y mettre. En fait, quand j’arrive à un certain nombre de chansons, ça fait un album. Et assez vite derrière, je recommence. C’est plus la méthode qui fait l’album, donc et c’était pareil avec les Innos. Là, je suis parti à la campagne seul pour composer, en quatre vagues de trois à cinq semaines. Et avec, une belle vue ! C’est pour ça que l’album s’appelle Clair, d’ailleurs. Je voulais de la lumière. Et comme je suis parti avec un petit ordinateur et un logiciel simple, je suis resté avec une musique assez simple.
As-tu des inspirations récurrentes ?
Disons que j’ai le disque dur qui se remplit ! Ensuite, j’ai de l’avance dans ce que j’aime, c’est-à-dire qu’en ce moment j’aime Animal Collective, par exemple, mais si ça se trouve, ça ne se verra dans ma musique que dans cinq ans. Je ne suis pas réactif de ce point de vue. Donc les influences s’additionnent, sans qu’une ressorte vraiment… Pour Clair, c’est peut-être l’influence de la musique noire qui est la plus présente. C’est sûrement plus groove que ce que je faisais avant.
Notre magazine s’appelle Save My Brain. Sauver les cerveaux… Qu’est-ce que ça t’inspire et comment peut-on le faire ?
Ca dépend des caractères, à mon avis. Dans mon cas, ce serait de ne pas s’en occuper. La conscience me paralyse, à cause de la pression. Il faut laisser faire l’instinct, ne pas réfléchir. Sinon, c’est de la masturbation intellectuelle. Il faut penser comme on marche dans la rue ou dans la nature.
Pour finir as-tu eu récemment des coups de cœur culturels ? Que ce soit musique, cinéma ou livres ?
Oui ! Combien je peux en citer ? Quinze ? Trente ? Je vais essayer de faire rapide… Il y a par exemple Micachu, un groupe anglais. C’est un peu barré et déconstruit. Je trouve ça intéressant et jubilatoire, ce qui ne va pas forcément ensemble. Sinon, il y a Haussmann Tree, un groupe français qui du coup a fait ma première partie. Et puis ceux que je cite dans ma bio, qui ont bossé avec moi comme Holden ou Mathieu Boogaerts. La chance que j’ai, c’est que je suis dans un situation où la relation entre fan et pote devient ténue.
En film, j’ai vu dernièrement Avatar avec mes enfants. Mais je n’ai pas beaucoup de temps pour aller au ciné. Alors je découvre beaucoup par DVD. J’aime beaucoup les films de Brillante Mendoza, un réalisateur philippin ou ceux de Bruno Podalydès.
Je n’ai pas beaucoup le temps de lire non plus. En plus, je ne peux pas lire dans un lit. Donc je ne peux lire qu’à une terrasse de café en attendant quelqu’un ou dans le métro. Du coup, ce sont toujours de petits livres que j’ai en poche. Donc ne me demandez pas ce que vaut Millenium ! Récemment, j’ai bien aimé Ailleurs, de Julia Leigh ou le Banquier Anarchiste de Fernando Pessoa.
1 Comment
TheCélinette
1 mars 2010 at 20:27Je trouve que le label tôtoutard a vraiment des artistes sympas à son actif :)