Femme de légende

Frida Kahlo

Magdalena Carmen Frida Kahlo Calderon est une artiste peintre mexicaine de renom qui a joué un grand rôle au cours de l’histoire de l’Art. Cherchez des noms de femmes artistes, peintres, sculptrices ou autre,  elles sont peu nombreuses dans un milieu essentiellement masculin. Et pourtant son nom, son image, sa personnalité, ses œuvres ont traversé le temps jusqu’à devenir une icône. Femme d’exception en tout point, elle est une figure majeure parmi les pionnières d’un mouvement des femmes dans l’art, elle est surtout une artiste hors norme, en ce qu’elle est allée au devant d’un très grand nombre de tabous sociaux tout au long de son œuvre et de sa vie torturée.


Photos de Nickolas Murray

Les origines :

Frida Kahlo naît au début du siècle dans la banlieue de Mexico, d’un père d’origine allemande et d’une mère d’origine espagnole et mexicaine. Elle grandit au moment de la révolution mexicaine, qui débute en 1910 et laisse une marque indélébile sur sa personnalité et son œuvre. Elle est issue d’une famille d’artiste, mère peintre, grand parents photographes ou orfèvre, le ton est donné elle sera elle-même une créatrice. Elle représente sa famille dans « Mes grands-parents, mes parents et moi » en 1936 qui explique l’histoire de ses origines.


Mes grands-parents, mes parents et moi, 1936

Très tôt Frida développe de graves problèmes de santé dont la poliomyélite (à 8 ans) qui l’empêche de grandir normalement ; pour ses petits camarades elle sera « Frida la boiteuse ». A cela s’ajoute la malchance puisqu’un accident de bus quelques années plus tard (à 15 ans) la blesse grièvement (transpercée à l’abdomen, bassin, côtes et colonne vertébrale brisés entre autre).Elle doit alors porter un corset en plâtre et reste longtemps à l’hôpital. C’est un tournant dans sa vie, car ce sont ces malheureux hasards de la vie qui vont la pousser à développer une force de caractère évidente, une créativité originale et une personnalité hors du commun. C’est également allongée sur son lit d’hôpital qu’elle commence à peindre, notamment des autoportraits à l’aide d’un miroir placé au dessus de son lit. A la sortie de l’hôpital elle réintègre le meilleur établissement scolaire de Mexico.

Les choix de Frida (politiques, amoureux et artistiques…) :

Femme engagée, cultivée et libre, elle décide qu’elle ne ressemblera pas aux autres femmes mexicaines. Inscrite dès 1928 au Parti Communiste Mexicain, Frida Kahlo s’intéresse tout particulièrement à la situation des femmes dans la société mexicaine et veut œuvrer pour leur émancipation. Elle épouse d’ailleurs en 1929 un peintre communiste très en vue, Diego Rivera. C’est le début d’une passion tumultueuse et déchirante, lui n’étant pas fidèle. Ils s’admireront, se détesterons et s’aimeront…


Diego et moi, 1931. Musée d’art moderne de San Francisco.

La mauvaise santé de Frida l’empêche d’avoir un enfant, elle subira deux fausses couches. Elle reflète sa peine dans plusieurs toiles dont « Henry Ford Hospital » :


Henry Ford Hospital, 1932. Collection Musée Dolores Olmedo Patiño, Mexico City.

Son œuvre, faite en grande partie d’autoportraits, se veut une interprétation sans concession de cette succession de malheurs terribles et de désillusions, mais aussi de la solitude et du désespoir d’une femme avide de donner la vie sans jamais y parvenir. Par une mise à jour sans pudeur d’une indéfinissable souffrance intérieure, Frida nous invite à entrer dans l’intimité de ses pensées les plus troubles et les plus sincères. Elle est l’ancêtre de toutes les femmes artistes qui ont eu à cœur de dévoiler le féminin, ses états d’âme fragiles et ses tourments impénétrables.

Frida, une femme atypique, une femme avant tout :

Dans les années 30, contre le pouvoir montant des nazis en Allemagne, elle change l’écriture de son prénom en Frieda au lieu de Frida, Frieden signifiant paix en allemand. A la même époque, elle suit son mari à San Francisco. Loin de sa terre natale, elle se sent mal et tombe dans la dépression, seul l’art lui permet d’émerger.


Autoportrait debout à la frontière du Mexique et des Etats-Unis, 1932. Collection Manuel ET Maria Reyero, New York.

Frida écrivait  « Je peins ma propre réalité ». Malheureusement, celle-ci va se révéler encore une fois cruelle avec elle, elle découvre les infidélités de son mari, notamment avec sa propre sœur. Blessée, elle le quitte et aura plusieurs liaisons (Trotski, Murray…), même avec des femmes. Sa vie est digne d’un roman. En 1937, elle arrive à Paris pour une grande exposition sur le Mexique à la galerie Pierre Collé. Elle loge chez André Breton, développe une amitié profonde avec la femme de celle-ci et rencontre les têtes pensantes de l’époque (Picasso, Kandinsky…). Elle n’aime pas Paris, encore moins l’exposition et par-dessus le marché Pierre Collé refuse d’exposer ses œuvres qu’il trouve choquantes et crues. Malgré tout celles-ci se vendent bien au cours d’autres expositions.

En décembre 1938, elle divorce et explore de nouveaux horizons en intégrant une partie du ministère de la culture ayant pour but de promouvoir la culture mexicaine ou encore en enseignant à l’académie des  Beaux Arts. Cependant, comme un cercle infernal, sa santé se dégrade, elle développe une maladie l’handicapant gravement à la main. Sa mauvaise santé l’oblige à tout arrêter, à porter un corset en fer et à subir plusieurs interventions, sept en tout. Elle continue de peindre, sinon dit-elle « je meurs » et représente sa douleur dans  La Colonne Brisée :

Diego Rivera la soutient dans cette souffrance et la redemande en mariage, elle accepte. Une relation tumultueuse qui mutuellement nourrit leur art. Atteinte d’une pneumonie, Frida meut le 13 juillet 1954.

Armée d’un caractère hors du commun, femme forte et sans compromis, elle sa battra sans cesse contre une vie marquée par des accidents graves, le handicap, des avortements répétés et l’infidélité de son époux… Mais tout cela aura fait ce qu’elle était, ce qu’elle peignait et ce qu’elle reste  nos yeux. Les derniers mots de son Journal sont  « « J’espère que la sortie sera joyeuse… et j’espère bien ne jamais revenir… Frida » et en travers de son dernier tableau, peint juste avant de mourir, elle a écrit : « Viva la Vida » (Vive la Vie).

A lire :

Pierre Clavilier « Frida Kahlo, les ailes froissées », Éditions du Jamsin, 2006

« Rebelle dès son jeune âge, Frida Kahlo mène sa vie avec force et passion. D’André Breton à Picasso, de Henry Ford à Trotski, Frida Kahlo a croisé les plus grands esprits de l’époque, qui ont tous vu en cette femme un être d’exception ! Biographie suivie d’un entretien exclusif avec deux compagnons de Frida Kahlo : Rina Lazo et Arturo Garcia Bustos… »

« Le Journal de Frida Kahlo », préfacé par Carlos Fuentes, Éditions du Chêne, 1995

« Découvert depuis peu et publié pour la première fois, le journal intime de Frida Kahlo constitue un témoignage inestimable, superbe et poignant, sur les dix dernières années de sa turbulente existence. Cent soixante-dix pages (couvrant les années 1944-1954) déroulent les pensées, les poèmes, les rêves de Frida. On y découvre aussi la relation orageuse et passionnelle qu’elle entretenait avec son mari, Diego Rivera, le grand peintre mexicain. Plus encore que les mots, ce sont les soixante-dix aquarelles inédites qui donnent à ce trésor toute sa force émotionnelle. Autoportraits saisissants, croquis d’étude ou œuvres à part entière, ces peintures émerveillent par l’éclat des couleurs et la vigueur du trait. Tout ce qui fait Frida, se retrouve ici. La douleur physique, l’amour de Diego et même ses choix politiques hantent et enluminent les pages du journal. Gardé sous clefs pendant plus de quarante ans, ce document unique reproduit dans son intégralité éclaire d’un jour nouveau la personnalité de cette artiste déchirante et déchirée. « La biographie de Frida Kahlo, dit Carlos Fuentes dans son introduction, consiste en trente-neuf années de souffrance. »

A voir :

« Frida », avril 2003

« Frida retrace la vie mouvementée de Frida Kahlo, artiste peintre mexicaine du XXe siècle qui se distingua par son œuvre surréaliste, son engagement politique en faveur du communisme et sa bisexualité. Le film se concentre également sur les relations tumultueuses de Frida avec son mari, le peintre Diego Rivera, et sur sa liaison secrète et controversée avec Léon Trotski. » Salma Hayek s’est beaucoup investie dans ce rôle, l’interprétation est troublante de réalisme.

A admirer, quelques œuvres à connaitre… :

·  Quelques petites piqûres (1935, coll. part.)

·  Autoportrait avec un singe (1938, Buffalo, Albright-Knox Art Gallery)

·  Les deux Frida (1939, Mexico, Museo de Arte moderno, ill.)

·  Autoportrait en Tehuana (Diego en tête) (1943, coll. part.)

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1 Comment

  • Reply
    Pierre
    31 janvier 2009 at 11:31

    bonjour
    je viens de découvrir avec plaisir cet article sur des plus impressionante femme de tous les temps
    je voudrais vous remercier d’y conseiler mon livre pau aux éitions du jasmin
    à vous lire
    Pierre Clavilier

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