Tim Burton, ancien animateur de Disney, a multiplié les chefs-d’œuvre à grand succès, comme les excellents Batman ou le magnifique Edward aux mains d’argent. Malgré plusieurs fois ennuyeux chez Mickey, il revient pour proposer une adaptation cinématographique d’un poème écrit pendant ses années disneyiennes. Intitulée The Nightmare before Christmas (Le Cauchemar avant Noël), la nouvelle, inspirée de Comment le Grinch a volé Noël du docteur Seuss, raconte l’exploit du mélancolique roi d’Halloween pour prendre la place du Père Noël, afin de sortir de l’esprit de sa propre fête. Utilisant la stop-motion pour son film, Burton collabore avec un expert de cette animation, Henry Selick, qui est fasciné par l’univers de son compagnon. Le tournage dura donc trois ans, sachant qu’il faut une semaine pour seulement une minute du film.
Sorti pour Halloween aux Etats-Unis et à Noël en France, en 1993 et 1994, le film fut une véritable révolution dans le cinéma d’animation. Et cela se comprend, car Disney vient de sortir son seul film qui ne lui ressemble pas. Sombre, grinçant et méchamment décalé, ce film n’est pas à conseiller pour les petits enfants. Cette histoire est principalement pour les plus âgés mais peut être intéressante pour les autres car elle leur montre une autre vision des méchants. Là où Disney leur répète sans arrêt un discours purement manichéen, qui dit qu’il y a des méchants et des gentils et qu’il faut absolument punir les méchants, le conte de Burton leur montre une autre facette. En effet, les monstres de la cité d’Halloween effraient car ils suivent leur coutume traditionnelle. Mais leur chef squelettique Jack, qui en a assez de cette loi, décide d’offrir au lieu de terrifier, après avoir découvrir le monde de Noël. Si on va par cette idée, Tim Burton traite une fois de plus la différence, puisqu’il met en scène un monstre qui veut faire du bien aux autres, et que ce n’est pas vraiment Oogie Boogie, croque-mitaine jaloux et escroc qui accomplit seulement sa tâche quotidienne, le vrai « méchant » mais le Père Noël ainsi que les habitants du monde réel qui refusent le bien que leur apporte Jack. Voilà la grande force du scénario original, détruisant complètement le contexte des contes et des films Disney.
La révolution qu’a provoqué le film est due aussi à son animation. Fait en stop-motion, donc avec des figurines en pâte à modeler, c’est le tout premier long-métrage à utiliser cette technique, dont celle-ci a été utilisée pour des courts-métrages, notamment pour les aventures cultes de Wallace et Gromit. En une heure et quart de métrage, l’animation est magnifique de bout en bout car les mouvements des personnages sont soigneusement crédibles à l’écran et le graphisme des décors et des protagonistes du film est parfaitement fidèle à l’univers de son auteur à la coupe abracadabrantesque. Le film possède d’ailleurs sa belle panoplie de personnages extraordinaires, composé de Jack, un squelette ambitieux et même naïf, avec Zéro, son mignon chien fantôme, et Sally, sa compagne sentimentale faite de chiffon, ainsi que le Père Noël, idole grognonne des enfants, et Oogie Boogie, danseur monstrueux mauvais joueur et jaloux de ce « Perce-Oreille ».
La musique joue un grand rôle dans le film car c’est elle qui donne principalement la vie à son ambiance. Composée par Danny Elfman, qui signe là sa meilleure bande originale, elle enchante par des thèmes beaux et merveilleux à entendre. Et n’oublions surtout pas les mémorables chansons qui illustrent ce conte, qui donne une qualité unique au film, au même titre que Sweeney Todd, mélange réussi et subtil de drame noir et de musiques décalées. Les chansons sont aussi responsables du culte qu’on a attribué à ce Cauchemar avant Noël, dont on se souviendra longtemps avec plaisir des nombreuses chansons, notamment le très célèbre Que vois-je ?.
En conclusion, voilà les quatre grandes forces de ce long-métrage qui justifient que L’Etrange Noël de Mr. Jack est un joyau mémorable en tant que film de Burton, dont il se place amplement aux côtés d’Edward aux mains d’argent et d’Ed Wood, et un bijou révolutionnaire, qui s’adresse autant aux adultes qu’aux enfants, en tant que film d’animation.
1 Comment
Typhaine Panier
27 décembre 2008 at 16:47Ca c’est de l’article!!! Merci de rappeler que ce film est original par son sénario et qu’effectivement, il ne s’adresserait pas à des tout petits, contrairement à la politique habituelle de Disney. Il fait le lien entre Halloween et Noël, deux fêtes aux ambiances radicalement opposées. C’est mon film culte alors merci encore!