« Femme d’extérieur », le second album de Maya Barsony est arrivé dans les bacs au printemps. Avec ses sonorités originales et fraîches, son écoute a très vite titillé notre curiosité…
Son dynamisme ne se dément pas sur toute la longueur de l’album. Titre phare, « La Pompe à diesel » attire l’oreille, indubitablement. La fantaisie qui l’anime est un prélude à une créativité bienvenue. En guest star, Brigitte Fontaine intervient sur « la Beuglante », morceau digne de la reine de Kekeland. « Femme d’extérieur » est donc prometteur et révélateur d’une artiste à suivre avec attention.
Que ce soit en studio ou sur un plateau de ciné (elle a joué dans « La Môme »), Maya mise sur ses atouts que sont sa voix et son look particuliers. Le graphisme de la pochette en est témoin, elle n’a pas peur de choquer. Pour notre plus grand plaisir, elle a accepté de répondre aux questions de Save My Brain.
1) Qui es-tu, Maya Barsony ?
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Maya Barsony, je suis chanteuse, une jeune femme citadine d’aujourd’hui, qui aime son époque, ses libertés et ses paradoxes…
Quel a été ton parcours ? As-tu appris la musique dans les « institutions » ou es-tu autodidacte ?
J’ai monté mon premier groupe à 16 ans et demi, parallèlement j’ai fait des ptits boulots… J’ai fréquenté plusieurs milieux musicaux, je construis ma route avec l’expérience, je suis une autodidacte qui a appris sur le terrain, le terrain est une bonne école…
De qui te réclames-tu musicalement ?
Mon père, le jour de ma naissance, m’a offert « songs of key of life » de Steve Wonder, le bébé qui pleure au début… Petite, j’ai eu le coup de foudre pour deux chanteuses : Piaf et Nina Hagen, deux femmes poignantes, avec des parcours de vie… J’ai aimé les années 80 avec ses chanteuses, libres et assumées, les Rita, Guesh Patti ou Niagara… J’aime le mélange du Black and White, les groupes de fusion comme « Rage against the machine » , Living Color , Les talking Heads… Il est important pour moi de mélanger les couleurs dans ma musique.
2) La musique
On va surtout parler de ton dernier album dans cet interview. Mais avant, évoquons quand même le premier, « Barsony », paru en 2001. Peux-tu nous le présenter rapidement ? Comment en es-tu venue à l’enregistrer ?
Un label indépendant m’a signée après un concert, j’ai enregistré dans la foulée, cela n’a pas été facile du tout car je manquais d’expérience… J’ai beaucoup appris.
Que s’est-il passé entre « Barsony » et « Femme d’extérieur », sorti dernièrement ? Qu’as-tu fait pendant ce temps ?
Le label indépendant avec l’arrivée de la crise de la musique a mis la clef sous la porte, je commence à m’autoproduire un album. Insatisfaite, je ne le sors pas et je pars a Londres à la recherche de modernité, un autre album. Je reviens en France démarcher les boites de disques sans résultat, je ne suis pas dans l’air du temps… Puis une rencontre, mon batteur Maxime Garoute qui me présente mon clavier Johan Dalgaard, on enchaîne les titres, je suis satisfaite de notre travail, ma maison de disques me contacte et me signe. J’enregistre « femme d’extérieur ».
Depuis mai dernier, « Femme d’extérieur » est dans les bacs. Comment le décrirais-tu ?
C’est un album de pop groovy, j’essaie de faire une musique accessible et originale à la fois, c’est l’histoire d’une jeune femme d’aujourd’hui, avec ses enthousiasmes, ses fantasmes, ses déceptions, son espoir… La vie quoi !
Comment s’est passée l’écriture des chansons ? Où as-tu puisé ton inspiration ?
Mon inspiration rime avec impulsion, c’est comme dans les bandes dessinées quand l’ampoule s’allume au dessus du personnage, l’idée arrive soudainement, après il y a le travail d’écriture pour la développer. Je passe beaucoup de temps sur le son des mots, faire sonner les mots, la langue française n’est pas facile à faire sonner et beaucoup de chanteurs laissent de coté le son de leur écriture pour favoriser uniquement une idée… Je peux écrire douze pages pour aboutir à une chanson, je veux que chaque syllabe sonne, la musique, c’est aussi les mots…
Quelles sont les chansons que tu préfères sur cet opus ?
Cela varie, un coup c’est celle-là, un coup c’est celle-ci…
3) Le rapport à l’art
Quand on prend ton album en main, la première chose qu’on remarque est la présentation, inventive et assez insolente. Une volonté de choquer ?
Non, une volonté de proposer, pour moi la nudité n’est pas choquante, la nudité et le corps font partie de nous, c’est une liberté de le montrer ou pas. J’aime le rapport au corps et à sa liberté, j’aime l’élan, l’envol de cette photo…
Il faut bien dire que le tout semble assez travaillé. La (les) photo(s) avec la pipe laissent songeur… Est-ce une référence à Magritte ? En fait, ton univers en général semble assez surréaliste. D’où une question sur ton rapport avec ce mouvement, a-t-il une importance pour toi ?
Oui, j’ai toujours été une personne dans le mouvement, dans l’énergie, d’ailleurs je ne tiens pas en place…
Et sur l’art en général, quelles sont les idées, les œuvres ou artistes qui t’on marquée ?
Mon père est peintre, forcément Magritte, d’où la référence comme vous l’avez deviné, Picasso pour sa modernité, Dali pour son surréalisme , le pointillisme aussi avec Signac. J’aime la peinture, j’ai vu mon père peindre depuis que je suis gamine, il ne peint quasiment que des femmes nues d’ailleurs…
Parlons d’un autre art, le cinéma. Tu as joué dans « la Môme », d’Olivier Dahan. Quel était ton rôle ? Comment as-tu vécu cette expérience ?
Je chante dans « la Môme », je suis la chanteuse d’un bar de Pigalle que Piaf fréquente alors qu’elle n’est pas encore devenue Piaf… Elle est saoule et envoie balader son mec qui veut la mettre sur le trottoir, elle lui dit qu’elle sera chanteuse, qu’elle le sait et qu’elle l’a toujours su… J’étais très émue durant le tournage, je n’avais pas de contrat en maison de disques, je vivais une période un peu difficile à ce moment-là. Cette expérience cinématographique m’a reboostée…
4) Sauvons les cerveaux !
Notre magazine s’appelle « Save My Brain ». Sauver son cerveau, qu’est-ce que cela t’évoque ? Comment peut-on le faire ?
Le contrôle sur soi, l’expérience de la vie, vivre sa vie comme une grande aventure et s’enrichir de chaque expérience, qu’elles soient belles ou douloureuses, être soi, se créer son libre arbitre, travailler sur soi pour évoluer…
Peux-tu nous proposer quelques uns de tes coups de coeur en musique, littérature et cinéma ?
En musique, j’ai totalement craqué sur the do, un groupe frais, original, on a besoin de ça…
En littérature, je citerais « Rien de grave » de Justine Levy. (Sûrement mon p’tit côté provoc qui pointe son nez…)
Interview réalisée par Nelly Glassmann et Nicolas Meunier
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