Mater Dolorosa
Dolores O’Riordan. Ce nom vous dit bien quelque chose? Un petit indice : leader d’un célèbre groupe de musique irlandais. Non pas les Corrs ! Une autre piste ? Ils ne sont pas tous frères et soeurs (et je m’en arrêterai là par respect aux admirateurs du groupe sus-cité, qui paraît-il, sont nombreux). Vous ne trouvez toujours pas ? Et si on vous donne le nom d’un, si ce n’est LEUR titre phare, qui a fait le tour du monde en 1994 par tous les moyens de télécommunications existants (Village Global quand tu nous tiens) ? Là, ça commence à vous faire gamberger… Allez, je lâche le nom de l’ovni : « Zombie ». Et bien, oui, Dolores O’Riordan est la chanteuse des Cranberries ! La chanteuse à la voix si caractéristique, forte et fragile, gracieuse, gracile et un brin garçon manqué, alternative, revendicatrice, passionnée et quelque fois controversée. L’ex-icône du groupe dont la dernière collaboration commune remonte à 2003 revient sous les projecteurs pour la promotion de son premier album solo : « Are You Listening » sorti courant mai en Europe. 4 ans de réflexion, des épreuves difficiles et un bébé plus tard, la plus irlandaise des Canadiennes (elle vit maintenant entre les deux pays) refait surface avec un bel album intimiste, porteur d’une nostalgie douce mais jamais complaisante. Des accents évocateurs d’une maturité acquise, d’un tempérament quelque peu bridé (quoique !), d’un regard plus neuf et plus serein sur l’avenir, avec la ferme intention de profiter de chaque instant, voilà le message qui ressort globalement de cette première mouture plutôt encourageante. Mais avant d’en arriver là, Dolores en a fait du chemin. Des débuts des Cranberries à l’avènement de sa carrière solo, d’une éducation catholique rigide aux prises de position radicales, l’univers personnel et musical de Dolores est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. Rapide tour d’horizon sur ce qui fait la personnalité d’une des plus insaisissables têtes brûlées du rock.
Meneuse de « band »
Tout commence en 1989 à Limerick, Irlande, lorsque les frères Hogan, Mike et Noel, forment en compagnie du batteur Fergal Lawler et du chanteur Niall Quinn, le groupe « The Cranberry Saw Us »[Jeu de mots phonétique sur « cranberry sauce » (sauce aux canneberges)]. Justement depuis le début de la décennie, les Irlandais commencent à s’imposer dans la sphère très convoitée de la scène musicale internationale : les emblématiques U2, Sinead O’Connor, Enya, Chris De Burgh. Fiers de la réussite de leurs compatriotes sans pour autant avoir le moindre espoir de connaître leur destinée, le quartet nouvellement formé enchaîne les répétitions et les concerts, par pur amour de la musique. Leurs influences sont d’ailleurs assez diverses : U2 bien évidemment, mais aussi The Smiths, New Order, The Cure, Depeche Mode, REM… mais collent bien à leur époque. Moins d’un an plus tard cependant, Quinn décide de changer de groupe. Pour le remplacer, il leur suggère d’auditionner une copine de sa petite amie. Elle s’appelle Dolores O’Riordan, elle a 19 ans, a baigné depuis l’enfance dans les chants catholiques et la musique traditionnelle irlandaise, et chante depuis l’âge de trois ans. Ca tombe bien pour elle aussi, elle cherche également un groupe. Rendez-vous est pris pour qu’elle passe une audition en Mai 1990. Même s’ils ne s’attendaient pas à la voir débarquer en combinaison rose fluo, les « garçons » comme elle aimera les appeler tendrement par la suite, seront sous le charme de sa puissance vocale. « A la minute même où elle a commencé à chanter, nous nous sommes dit que nous tenions quelque chose. Nous étions soufflés »[In cranneberies.com], raconte Fergal. Intrigués, ceux-ci lui demandent d’écrire les paroles d’une des maquettes qu’ils viennent de finir de composer. Une semaine plus tard, Dolores revient à la répétition pour chanter « Linger ». Ce qui deviendra bientôt, à la demande de Dolores, les Cranberries, était né. Commencent alors une série de concerts où leur notoriété croissante les poussent à réaliser une première démo qui s’écoulera localement à plus de 300 exemplaires. Forts de leur succès, le groupe décide d’en envoyer également des copies à plusieurs maisons de disques dont Island Records, le label de U2. Lequel va être preneur. Après 6 mois de négociations, le groupe signe pour 6 albums. Le vrai travail peut alors commencer : après une tournée dans les clubs qui va les conduire aux quatre coins du Royaume-Uni, les ‘Berries sortent en Octobre 1991 leur première cassette 4 titres « Uncertain », qui est un échec. Pas plus de chance pour le début de l’année 1992, où le groupe se prépare à enregistrer son premier album en proie aux tensions les plus vives avec Pearse Gilmore, leur manager d’alors. Le quartet décide alors de se séparer de lui et confie la place vacante à Geoff Travis accompagné du producteur Stephen Street qui, quant à lui, a déjà travaillé avec The Smiths.
Nouvelles bases, nouvelle donne : le premier album « Everyone Is Doing It, So Why Can’t We » est bouclé et le groupe peut de nouveau reprendre la route et continuer sa tournée promotionnelle. Grâce à leur collaboration avec Street, les Cranberries sortent leur premier single « Dreams » en Septembre 1992 (N.R : Si vous vous souvenez bien, c’était le jingle d’une des pubs pour l’Office du Tourisme d’Irlande, il y a quelques années). Mais malgré de bonnes critiques de la part des médias musicaux, le single arrive tout juste à se hisser dans les dernières places des charts anglais. Après la sortie tout aussi anodine de leur deuxième single « Linger », « Everyone » rentre dans les bacs en Mars 1993. Pas plus d’intérêt de la part du public. Le groupe ne lâche pas l’affaire et part pendant l’été aux States faire la première partie des The The et de Suede. Là, la chance va tourner. Mieux accueillis que les groupes vedettes, MTV les remarque et commence à diffuser régulièrement leur clip « Linger ». Là où les Britanniques s’étaient révélés flegmatiques, les Américains eux, ne se font pas prier et se ruent sur le single qui se positionnera en huitième place des ventes aux Etats-Unis. Quant à l’album, il sera écoulé avant la fin de l’année au million d’exemplaires. Ironie du sort, au Royaume-Uni, le succès arrive au début de 1994, et l’album est enfin classé numéro un l’été de la même année ! Pas le temps de dire ouf ! que les Cranberries commencent à enregistrer leur deuxième album, dont les chansons avaient été écrites au cours de la promotion du premier. En Juillet, Dolores se marie avec celui qui deviendra le tour manager du groupe, Don Burton rencontré lors de la tournée des Duran Duran. Ce mariage médiatisé couplé à sa mise en avant dans les clips du groupe font d’elle l’icône des Cranberries.
Dans la foulée, le deuxième album « No Need to Argue » sort à l’automne, avec le single « Zombie » en tête. Ce sera leur plus gros tube et contribuera à faire de leur album leur plus grand succès. Un MTV Award catégorie meilleur clip de l’année et 16 millions de copies à travers le monde plus tard, les jeunes Irlandais se lancent dans une tournée internationale éreintante. Déjà, des rumeurs circulent sur la fatigue et l’amaigrissement excessif de Dolores et les paris vont bon train quant à son départ du groupe.
Démenties, elles persisteront malgré tout durant l’enregistrement et la sortie du troisième album « To the Faithful Departed » en Avril 1996, produit cette fois-ci par Bruce Fairbairn (Bon Jovi, Aerosmith…). Beaucoup plus rock que les deux premiers, « To the Faithful… » ne rencontre pas un écho favorable chez les critiques et est même classé parmi les « 50 pires albums de tous les temps » par Q Magazine. Avec les singles « Salvation » et « Free To Decide », l’album arrive tout de même à s’écouler à 6 millions de copies. De nouveau par monts et par vaux pour une tournée de 100 dates à travers le monde, la fatigue gagne un peu plus le groupe mais c’est encore Dolores qui s’effondre. Après un accident lors d’un concert en Australie, la tournée est reportée à des dates ultérieures. Mais même lorsque Dolores réapparaît quelques mois plus tard sur la scène des MTV Awards, plus faible et plus mince que jamais, ce ne sera que pour s’arrêter de nouveau sur les conseils de son médecin. L’annulation des tournées australienne et européenne ne font que continuer à alimenter la rumeur du départ de la chanteuse… Mis à mal par cette tournée marathon, les ‘Berries décident de prendre de longues vacances. Recentrés sur leurs vies familiales, les membres du groupe ne collaboreront ensemble en 1997 que pour la reprise de « Go Your Own Way » pour un hommage au très célèbre album « Rumours » des Fleetwood Mac. C’est d’ailleurs en Novembre de cette même année que Dolores donne naissance à son premier enfant, Taylor.
1998 est une année plus prolifique. Après avoir travaillé des démos pour leur nouvel album entre l’Irlande et le Canada, les Cranberries décident d’enregistrer leur nouvel album en France dans le Studio Miraval avec aux commandes Benedict Fenner. Apaisés et ressourcés, le groupe retourne en Irlande pour répéter ses chansons dans les conditions optimales. Dolores et Fergal reviennent sous les projecteurs en présentant en Novembre les MTV European Music Award à Milan et en Décembre le groupe joue « Dreams » ainsi que leur single à venir « Promises » au cours de la très prestigieuse cérémonie des Prix Nobel de la Paix. Pas mal pour se remettre dans les rails !
C’est en Février 1999 que va être lancé « Promises » comme single phare de l’album « Bury the Hatchet » dans les bacs deux mois plus tard. Très vite, l’album atteint la septième place du Top 50 anglais contre la treizième aux USA. Galvanisés par l’accueil des fans qui, semble-t-il, ont enterré la hache de guerre, les ‘Berries se lancent à nouveau dans une tournée mondiale qui s’achèvera en Juillet 2000. Celle-ci est de loin leur plus grand succès et l’album se vendra à plus de 3,5 millions d’exemplaires. La tournée leur permet en outre de revenir se produire en Irlande, pour la première en 4 ans, à Milstreet (Comté de Cork). Pour parfaire leur retour en force, un double album intitulé « Bury the Hatchet – The Complete Sessions » riche en bonus et pistes live issus du concert parisien vient marquer la fin de la tournée.
Après avoir eu en Janvier 2001 un autre bébé prénommée Molly, Dolores enchaîne les répétitions avec son groupe pour la sortie de leur cinquième et dernier album, « Wake Up and Smell the Coffee » prévu pour Octobre. Produit par Stephen Street, le collaborateur des deux premiers opus du groupe, l’album peine à atteindre la 46e et 61e place respectivement dans les charts américains et anglais et devient ainsi leur album le moins vendu. Exception faite en France où l’album continue dans la même lignée que ses prédécesseurs et se place en 2e position du Top 50. Issus de l’album, les singles « Analyse », « Time Is Ticking Out » et « This Is The Day » ne rencontreront pas le succès escompté. S’ensuivra une tournée mondiale étalée de février à octobre 2002, les ventes de l’album s’élevant au final à 1,3 millions d’exemplaires.
En 2002 sort également une compilation des plus grands succès du groupe intitulé « Stars – The Best of 1992-2002 » ainsi qu’un DVD éponyme comportant des clips, des lives et un documentaire intitulé « 99 Love Life & Rock’n’Roll ». La version CD atteindra la 20e place au Top 50 au Royaume-Uni et restera pendant 7 semaines dans le Top 10 des ventes de compilations en France. Dans « Stars » figurent 3 pistes n’ayant jamais été sur un single : « Daffodil Lament » de No Need to Argue, choisie pour y figurer après un vote des fans, « New York New York » dénonçant les attentats du 11 septembre et « Stars », toutes deux inédites. Cette compilation leur vaut à Taiwan la récompense de « meilleur artiste étranger », où tous leurs albums ont été un succès. Démarre de nouveau une tournée courant d’octobre à décembre 2002 et qui les fait se produire en Asie et en Europe. Après cette courte tournée, le groupe jouera de nouveau quelques dates mi 2003, soit en première partie des Rolling Stones, soit en solo, agrémentant leur répertoire de deux nouvelles chansons : « Astral Projection » et « In It Together ».
En Mars 2004, lors d’une conférence de presse, Dolores lance la phrase choc : les Cranberries décident de faire une pause musicale et se consacrer chacun à leur carrière individuelle. Il aura fallu dix ans pour que les rumeurs de matérialisent et que Dolores, dont la belle-mère est gravement malade, soit la première à prendre la décision. Décidant de se rapprocher d’elle, celle-ci prend la décision de déménager au Canada avec mari et enfants. Sans leur chanteuse charismatique, le groupe se retrouve un peu perdu : mis à part Noel et son Mono Band à venir, les projets restent assez flous pour Mike et Fergal. Car l’atout des Cranberries, c’est avant tout Dolores : si les compositions musicales sont sans fioritures, c’est pour en mieux faire ressortir la voix tour à tour dure et douce de cette soprano d’exception. Mystique et humaniste, mais aussi traditionnelle et décalée, la chanteuse a souvent eu des prises de position assez radicales qui ont défrayé la chronique médiatique. Topos sur une chanteuse hors pair au tempérament hors du commun !
Question de point de vue
Une chose que l’on puisse dire, c’est que Dolores ne mâche pas ses mots. Même si elle a voyagé aux quatre coins du globe, celle-ci reste attachée à ses racines et c’est avec une fierté presque patriotique qu’elle déclare « qu’il n’y a pas d’autre pays comme l’Irlande ».[in Interview Magazine (Mars 1995)] Née le 6 septembre 1971, dernière d’une famille de sept enfants, Dolores Mary Eileen O’Riordan reçoit une éducation catholique rigide où son côté rebelle ne va pas tarder à s’affirmer très vite. C’est vrai que dans la ferme familiale de Ballybricken, près de Limerick, les loisirs sont assez limités. Alors, dès ses cinq ans, la petite décide de reporter sa frustration sur la musique en s’initiant aux hymnes religieux et aux chants grégoriens, qu’elle chante les dimanches à la messe ainsi qu’au flûtiau, à l’orgue et au piano qu’elle pratiquera durant de nombreuses années. Mais c’est la guitare qu’elle va apprendre à jouer à l’âge de dix-sept ans qui va véritablement la marquer. Même si son côté garçon manqué était déjà perceptible avant de rejoindre les Cranberries, le fait de rejoindre un groupe de garçons ne va faire qu’attiser son côté « chef de bande » et rebelle. Aussi déclara-t-elle : « Je ne pourrais pas m’imaginer dans un autre groupe (que celui-ci). Je ne pourrai pas travailler avec des femmes ; je crois bien que je pourrais les tuer. Trop de femmes ensemble ne feraient que se taper sur les nerfs et, à ce que je sache, je connais pas de femme jouant d’un instrument. C’est grandiose de jouer avec des garçons parce qu’ils sont calmes et faciles à vivre ». Rien que ça ! Même si pour le premier album, en termes de paroles, les propos sont encore assez romantiques et naïfs (cf « Linger » et « Dreams », qui alternent entre déception amoureuse et amour victorieux), « No Need To Argue » commence à aborder de manière très poignante les prises de position de l’auteur-compositrice. Bien sûr, on se souvient tous du tube « Zombie » et de son clip teinté d’or et d’argent sur fond de noir et blanc qui, dans la lignée du non moins célèbre « Bloody Sunday » des U2, est un hymne passionné contre les atrocités de la guerre civile en Irlande. Mais saviez-vous qu’entre d’autres chansons plus légères comme « Ode To My Family » et « I Can’t Be With You », « Icicle Melts » fustige de manière imagée l’avortement ? Avec les choeurs et les orgues religieux du titre « No Need to Argue » lui répondant en écho, l’album donne de sérieuses indications sur les positions conservatrices de Dolores, qui se réclame toutefois catholique non pratiquante. Son engagement en tant que songwriter prend peu à peu de l’ampleur et éclate sur « To the Faithful Departed », où le titre phare « Salvation » charge la drogue, où les premiers vers de « Bosnia » attaquent durement les démocraties occidentales immobiles face au massacre de la guerre y faisant rage et où « Fee Fi Fo » dénonce de manière pudique la maltraitance des enfants. Si la chanson est un média, les interviews qu’elle accorde aux journalistes sont également une manière de communiquer ses points de vues radicaux. Interviewé par Frank Roy pour le journal Rock & Folk, celle-ci a déclaré être en faveur de la peine de mort et prendre l’Alabama comme modèle, tandis qu’elle annonçait à Jean-Daniel Beauvallet pour les Inrockuptibles, comprendre la mutilation des voleurs et être dans certains cas en faveur de la peine de mort. Au delà de leur seul pouvoir d’évocation, les paroles sont les armes dont Dolores use et abuse pour crier haut et fort les injustices.
Même si « Wake Up And Smell the Coffee » est beaucoup moins empreint de revendications que ses prédécesseurs, Dolores récidive dans le songwriting avec la chanson « New York New York » sur « Stars ». Avec ses accents métal et ses paroles engagées, le titre décrit la capitale américaine après le désastre des attentats du 11 Septembre 2001. L’enfant rebelle se serait-elle calmée ? Il est vrai qu’en 13 ans de collaboration avec les Cranberries, la chanteuse eu le temps de mûrir tant musicalement qu’individuellement … Forte d’expériences personnelles intenses et de collaborations artistiques porteuses, c’est donc tout naturellement qu’elle a décidé de se lancer dans une carrière solo !
L’âge de Raison
Après s’être produite dans les plus grandes salles (Royal Albert Hall, …), avoir côtoyé les plus grands (Pavarotti, le Pape et la Princesse Diana), et collaboré à certaines musiques de films (« God Bless Ireland » et « Ave Maria » pour respectivement les films « Devil’s own » et « La Passion du Christ »), Dolores a envie d’expérimenter de nouvelles expériences post Cranberries. Personnelles d’abord, avec le désir de se rapprocher de sa famille, sa belle-mère étant gravement malade, et de voir grandir ses enfants. Musicales ensuite, avec des essais prometteurs avec entre autres Zucchero, Jam & Spoon et Angelo Badalamenti, le compositeur fétiche de David Lynch. A noter également une apparition dans le film « Click » d’Adam Sandler où celle-ci tient un rôle loin d’être de composition puisqu’elle joue une chanteuse. En somme, des participations assez diverses qui développent considérablement le champ d’action de Dolores. Ecrit en grande partie au Canada où elle s’était retirée, son album solo mettra plus de quatre ans à mûrir. Le temps nécessaire pour tester de nouveaux rythmes et sonorités et de le mettre en forme selon un procédé presque « organique ». Totalement libérée de ses inhibitions, Dolores enregistre les chansons en même temps qu’elle s’occupe de ses enfants. « La grande différence (avec les autres albums) résidait dans le fait que, pour la première fois de ma vie, le groupe ne m’attendait pas. Je n’avais pas à aller aux répétitions à trois ou quatre mois de grossesse et avoir après à écourter l’allaitement. J’avais seulement à rester assise un peu plus longtemps et tout ce dont j’avais à m’occuper était de nourrir le bébé. C’était assez appréciable parce qu’avec mes deux autres enfants, j’avais toujours les Cranberries qui m’attendaient à côté. Maintenant, je peux me permettre de profiter de mes enfants et de ne penser à rien d’autre »[in UGO.com, Mai 2007].
Ficelé par le producteur Youth qui a pour carte de visite The Verve, Embrace, Primal Scream, U2 et Paul McCartney, « Are You Listening » sort à l’échelle européenne le 7 mai 2007 sur le label Sanctuary Records et est vraisemblablement l’album de la maturité. Réconciliée avec elle-même, Dolores y aborde les joies simples de la vie et ses grandes peines : la naissance de sa fille Dakota dans « Ordinary Day », un hommage à son mari dans « Apple of My Eye » et la mort de sa belle-mère dans le poignant « Black Widow ». Louvoyant le rock/folk qui était propre à son ancien groupe, Dolores donne également la part belle au piano et au métal symphonique (« In The Garden », « Stay With Me » et « Black Widow »), conférant à l’album une profondeur intime à la fois grave et aérienne. Une belle réalisation à découvrir absolument, rien que pour le plaisir de se laisser bercer au gré des symphonies et des discordances dont Dolores est si fan. Désolé pour les fans inconditionnels des Cranberries qui désespèrent que la reformation du groupe ne soit pas à l’ordre du jour, mais pour l’instant il faudra compter sur Graham Hopkins, Marco Mendoza et les frères Demarchi (Steve et Denny) comme les nouveaux musiciens de la bande à Dolores !
Sources :
Sites :
* http://www.doloresoriordan.ie
* http://www.myspace.com/doloresoriordan
* http://www.cranberries.com
* http://www.stars.cranberries.free.fr
* http://www.zombieguide.com
* http://fr.wikipedia.org
Articles :
* The Toronto Star (16 Juin 2007), « Voice that lingers »
* News.com.au (30 Mai 2007), « Dolores is back »
* Scotsman.com (6 Mai 2007), « Calm after the storm »
* The Independent (Mai 2007), « Experience counts as Cranberries’ Dolores O’Riordan goes solo »
* http://www.meer.net/cranberries/AsciiDoc/LesInrocks.txt
* Interview Magazine (Mars 1995), « The Juice on the Cranberries »
Les images proviennent du site http://www.cranberries.com
* Cahier de vacances 2010 – Article initialement publié le 20 août 2007
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